🛋️ 3 mois à dormir sur des canapés aux États-Unis
#4 - J’ai profité de la vie lorsque j’ai appris à débrancher mon cerveau
📼 2014 / 2015
Cher toi,
T’écrire tous les dimanches est mon nouveau rendez-vous plaisir. J’adore te raconter mes petites péripéties et me dire que tu te reconnais peut-être dans ce que je vis et que l’on peut s’entraider.
On est déjà 800 ici. Je n’ai jamais parlé à autant de personnes d’un coup. Et c’est fou de se dire qu’en « vrai », je serai terrifiée de parler à une foule pareille. Non pas que je sois timide, mais je suis anxieuse. Je m’imagine des scénarios catastrophe à l’avance, ça me stresse, ça me fait anticiper des plans A, B et C et abandonner plein de chouettes projets. Sauf qu’en général, tout ce que j’imagine de terrible n’arrive jamais.
Lorsque je me suis rendu compte de ça, j’ai commencé à “forcer” mon cerveau à agir. Je l’ai débranché et :
J’ai écouté ma petite voix
J’ai dit “oui” à des choses qui me donnaient envie, mais qui me faisaient peur
… et j’ai vécu les meilleurs moments de ma vie. Je dirais même que c’est grâce à ces décisions que de grands changements se sont produits dans mon quotidien.
Dans cette page de Funambule, je vais te raconter l’expérience humaine la plus marquante de ma vie : 1 mois de woofing, 2 mois de couchsurfing 👇 .
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🐣 La sortie du cocon familial
2014, j’avais 19 ans.
Pour valider ma deuxième année d’études supérieures, il fallait que je réalise une expérience à l’étranger. Franchement, j’étais trop heureuse à l’idée de partir !!!
J’en parle à mes parents, ils me disent :
“Mais c’est dangereux tu es jeune.”
“En plus on n’a pas d’argent pour te loger, tu vas faire comment ?”
“Tu ne veux pas aller à Jersey juste à côté ? Ils parlent anglais là-bas.”
…
J’avais 19 ans, et je n’avais :
jamais pris l’avion
jamais été plus loin que l’Ouest de l’Allemagne
et le moindre truc ambitieux était “impossible” ou “dangereux”
J’en avais marre.
Dans ma tête, je rêvais d’être une femme autonome, instruite, courageuse, qui aurait un métier créatif dans la tech. Je rêvais de bosser pour Microsoft, Google ou imaginer les scénarios de jeux vidéo dans les studios d’Arena Net à Seattle.
🦹♀️ Mon plan pour partir aux États-Unis
Enfant habituellement calme et obéissante, j’ai pété un boulon et le temps de quelques jours, je suis devenue l’enfant rebelle qui préparait le plan de sa vie en cachette.
Étape 1 : Trouver de l’argent
Mon père me donnait 10€ par-ci par là quand j’avais besoin, mais je n’avais rien de côté.
Pas de compte épargne ouvert par mes parents pour mes études.
Du coup, seule option : travailler.
J’avais déjà un peu de sous sur un compte courant gagnés lors de mon tout premier job d’été en tant que surveillante dans un cabinet de curiosité (trop cool comme job !).
Été 2014, je me suis trouvée un job d’été en tant que secrétaire et j’ai gardé tout mon argent de côté pour préparer mon départ.
Étape 2 : Trouver la ville où poser mes valises
L’Europe ne me faisait PAS DU TOUT rêver. Je voulais vivre une expérience incroyable qui allait changer mon quotidien. Et je voulais parler anglais. Si je veux améliorer mon anglais, découvrir de grandes entreprises, le goal ultime : les États-Unis.
Mais où aux États-Unis ?!
La côte ouest me tentait beaucoup plus que l’est, probablement car le soleil ne courrait pas les rues de Cherbourg.
Étape 3 : Trouver un moyen de séjourner là-bas à petit prix
👉 1ᵉʳ essai :
Faut se l’avouer, je n’étais pas Crésus.
Je devais avoir un Smic et demi sur mon compte.
Je n’avais aucun réseau pour un stage ou job d’été.
Du coup, option n°1, j’ai tenté le culot.
J’ai cherché le nom du DRH du studio de mes rêves : Arena Net à Seattle.
Je me suis créé un compte LinkedIn. C’était assez désert à l’époque.
J’ai tapé “Human Resources Arena Net” et je l’ai trouvé : Tom S.
J’ai cliqué sur “Se Connecter”.
Je n’ai rien à perdre.
Il m’accepte… YES.
Je lui envoie ma petite candidature pour un stage, il me dit d’envoyer mon CV et… plus de réponse malgré mon unique relance. J’ai dû le saouler. 😂
Mon petit cœur se brise en mille morceaux. 💔
Mais je ne m’avoue pas vaincue !
👉 2ᵉ essai :
Bon, les stages, ça semble plus compliqué que prévu.
Je cherche sur des forums et je découvre le “Woofing”.
En gros, être nourri, logé, blanchi en échange d’un service à rendre aux hôtes.
Je découvre la plateforme “Workaway”, je me crée un compte et là :
J’ai des étoiles dans les yeux !
Toutes ces offres, c’était le paradis :
s’occuper d’une ferme au Costa Rica
aider à construire des maisons
Et une annonce me tape dans l’œil :
San Francisco Bay Area - Coup de main pour s’occuper de notre fils Reacher de 2 ans le matin. En échange : un appartement privé au rez-de-chaussée, nourriture etc.
J’envoie un message :
Bonjour Erika et Starbuck, je m’appelle Margaux, je vis en France et je serai ravie de venir vous donner un coup de pouce à San Francisco pour garder votre fils.
On a longuement échangé et verdict : ils m’invitent à séjourner chez eux pendant 2 mois, avec mon copain de l’époque.
Je ne réfléchis même pas 1 seconde et je dis “Okay 😄”.
Je l’annonce à mes parents, ils se disent que c’est dangereux… et puis je commande mes billets d’avion. Pas pour 2 mois… mais 3 ! 😂
Je ne savais pas où j’allais dormir le 3ᵉ mois, mais mon projet était très clair dans ma tête :
Je vais faire 2 mois de babysitting + 1 mois où je vais traverser le pays d’Ouest en Est.
👨👩👦 2 mois d’acclimatation chez Erika & Starbuck
Juin 2015, j’atterris à San Francisco.
Un 4×4 nous attend et je découvre ma nouvelle famille.
Ils sont hyper souriants !
Valises dans le coffre, je m’installe à l’arrière du véhicule et une petite bouille aux cheveux bouclés me sourit et crie “Hi Friend !”. C’était Reacher.
La maison était à Emeryville, dans la banlieue de San Francisco, entre Berkeley et Oakland. Une jolie maison jaune envahie par la végétation. Franchement, c’était dingue d’avoir une aussi jolie maison à 30 min de San Francisco. J’avais ma chambre et ma salle de bain au rez-de-chaussée et tous les matins, alors qu’Erika allait bosser à l’hôpital, je m’occupais de Reacher.
Il faut d’ailleurs que je vous parle de ma nouvelle famille, car c’était quelque chose !
Starbuck et Erika étaient des “hippies modernes” on va dire.
Des artistes qui peignaient le sol de leur cour, laissaient Reacher se balader tout nu, même pendant les balades dans la rue. Erika, infirmière, fumait sa marijuana tranquillou le soir et Starbuck ne travaillait pas et chillait toute la journée à la maison. C’était la maison du bonheur, dans un quartier où le jeune de la maison d’à côté avait été tué par balle quelques semaines plus tôt. Particulier, les États-Unis.
Particularités supplémentaires :
On mangeait beaucoup. Même en continuant mon sport et en allant courir régulièrement, je prenais du poids à vue d’œil. Pizza au petit-déjeuner, burgers, glaces, soda, muffins de la taille de ma tête. Erika et Starbuck étaient obèses et le petit aussi. Ils n’arrivaient plus à le porter ou jouer avec lui, d’où ma venue.
Starbuck était Mormon. On allait souvent dans un temple magnifique dans la baie de San Francisco : le Oakland California Temple (tapez sur Google, c’est ouf !). Au sous-sol, il y avait toute une section dédiée à la généalogie. Pas de bol, j’étais fan de généalogie, je faisais tout le temps ça avec mon papa. J’ai rentré toutes mes coordonnées dans l’ordi. (naïve que je suis) 😂.
Pendant 2 mois, j’ai joué au petit train avec Reacher tous les matins et j’ai marché des kilomètres à San Francisco tous les après-midis. San Francisco, ça a été un vrai coup de coeur. Une ville en hauteur, avec une vue incroyable sur l’océan, des restaurants délicieux, des grands parcs, beaucoup d’art et des gens ouverts d’esprit. En bref, j’ai adoré.
🛋️ Mes expériences de Couchsurfing
Couchsurfing, c’est une plateforme sur laquelle des voyageurs et des hôtes sont mis en relation. Les hôtes proposent leur canapé gratuitement aux voyageurs qui en ont besoin. Je ne connaissais pas la plateforme, mais j’avais envie de la découvrir avec une première fonctionnalité : rencontre entre voyageurs.
Mes 20 ans à Yosemite
Bonjour, j’aimerais fêter mes 20 ans à Yosemite. Nous sommes 3 amis, qui est chaud pour y aller avec nous ? (on n’a pas de voiture).
C’est grâce à ce message innocent que le jour de mon anniversaire, Nivas, un ingénieur informatique de la Silicon Valley est venu nous récupérer. Dans la voiture ? Un ami à lui, une voyageuse de notre âge et un autre voyageur. On ne se connaissait pas, mais on allait vivre 3 jours à Yosemite et dormir dans une cabane en béton et des lits superposés.
Voici mes 5 souvenirs les plus marquants :
Les paysages étaient vraiment incroyables. J’ai pu voir un ours et son ourson dans une clairière.
On rigolait énormément, le feeling passait bien.
Mon souvenir le plus fort a été de regarder le soleil se coucher derrière une cascade, postés en haut d’une falaise en écoutant du Nicolas Jaar.
Nivas fumait beaucoup de joints.
Nivas et les deux jeunes voyageurs nous ont abandonnés pour aller manger des champignons hallucinogènes. On a dû rentrer avec son ami, qui n’avait pas une conduite sereine.
Eh bien, figurez-vous que malgré ces péripéties, ça a été mon plus bel anniversaire et que nous sommes restés en contact avec Nivas après le voyage. On s’est revus pour visiter Big Sur.
Los Angeles, entre vie étudiante et ingénierie spatiale
Hello Danish, j’ai vu que tu mettais ton canapé à dispo pour les voyageurs. Je serai à Los Angeles à partir de demain, as-tu de la place pour 3 nuits ?
Danish, ça a été une super rencontre, on avait le même âge ! C’est un étudiant malaisien venu étudier à UCLA pour quelques années. On avait les mêmes références culturelles, on allait faire nos courses ensemble, on se faisait des barbecue coréens, on a randonné à Hollywood, à Santa Monica, le tout pendant 3 jours.
Ensuite, direction le sud de Los Angeles pour rencontrer “Dan”, un monsieur à la retraite. Dan mettait une chambre à disposition des voyageurs dans sa maison et c’est là que je me suis rendue compte de la richesse de Couchsurfing. Toutes les conversations étaient passionnantes. Dan est un ancien ingénieur aérospatial. Il a participé au développement des premiers satellites GPS. Aujourd’hui, Dan donne tout son temps libre à une association qui aide à construire de nouvelles maisons pour les habitants de Campton, un quartier pauvre de Los Angeles (ceux qui ont joué à GTA ou écoutent du rap US connaissent 😉).
Vie de famille à Saint-Louis, dans le Missouri
Salut John, tu vas bien ? On arrive bientôt à Saint-Louis ! Trop hâte !
John, c’est un ami de mes parents. Il est passionné par le débarquement en Normandie et c’est comme ça qu’on l’a rencontré. Il vit avec sa famille dans une jolie maison en banlieue de Saint-Louis. Le genre de graaande maison en bois avec un parc comme jardin. Chez John, c’était l’immersion dans la vie d’une famille et j’ai adoré. On allait voir des matchs de baseball, faire nos courses mais surtout : on assistait aux matchs de hockey de ses deux fils, dont l’un est devenu joueur pro aujourd’hui. Une vie TOTALEMENT différente de celle d’Erika et Starbuck à San Francisco. Ce que j’ai adoré à Saint-Louis : l’architecture très industrielle (dont le Pont Eads, construit par Andrew Carnegie au-dessus du fleuve Mississippi, les vieilles usines), et sa cuisine (oui, oui). À Saint-Louis, on cuisine à la bière ! Il y a beaucoup de brasseries là-bas !
Activités culturelles à Long Island
Bonjour Michael, auriez-vous de la place pour 1 semaine dans votre maison à Long Island ?
Pour la dernière semaine de ce périple aux Etats-Unis, j’ai eu la chance d’avoir une jolie chambre dans une maison familiale à Long Island, dans l’Etat de New York. Une nouvelle famille à découvrir : Michael le papa, et ses deux enfants… et encore une nouvelle culture ! On allait à la plage ensemble (et la voiture était conduite par sa fille qui venait tout juste d’avoir 16 ans), on commandait d’immenses pizzas, on allait au zoo, visiter les maisons des Hamptons etc. En bref, des activités familiales.
Et en un battement de cil, ces 3 mois aux Etats-Unis s’achevaient.
Et toi, quelle est l’expérience la plus folle que tu aies vécue ? Ou que tu rêves de vivre !
📖 5 leçons apprises de cette expérience
👉 Cliché mais, rien n’est impossible, même quand on vit d’une famille qui n’a pas trop d’argent. Ce voyage qui me semblait inaccessible est devenu réalité en moins de 6 mois. Il existe une multitude de solutions pour créer une expérience adaptée à son porte-monnaie.
👉 Ça a été l’expérience humaine la plus riche de ma vie. Je n’ai jamais autant rencontré de personnes, et j’ai adoré écouté les histoires de chacun. J’ai l’impression d’avoir partagé des moments privilégiés et uniques qu’il me serait impossible de revivre. Cela fait déjà 9 ans que ce voyage a eu lieu et je me souviens encore de chaque moment !
👉 J’ai pu observer des changements culturels énormes entre les villes :
Californie : très libre, positive, artistique, ouverte d’esprit, mais un peu dans l’excès de tout (marijuana, richesse ultime ou vie dans la rue…)
Saint-Louis : très conservateurs et riches, culture basée sur le sport, où les armes sont des “cadeaux d’anniversaire”.
Long Island : très culturel, plus à l’européenne, culture de l’arme quasi inexistante, plus “posé”.
👉 Il faut écouter sa petite voix. Si elle te suggère de changer de vie, de tester de nouvelles choses qui te paraissent complètement folles, essaie quand même. 😊 Quand je repense à ces 3 mois, je pense comme mes parents. Je me dis que je n’avais que 19/20 ans et que c’était risqué d’aller dormir chez des inconnus. Si mon enfant (imaginaire) se comportait comme je l’ai fait, ça aurait été dur à vivre ! Mais je l’ai fait, je suis vivante et cette expérience m’a aidée à grandir et m’émanciper.
👉 L’anxiété nous gâche la vie “pour rien”, c’est-à-dire que le cerveau a tendance à entrer en mode survie trop intensément et à imaginer des scenarii catastrophiques alors que dans 99% des cas, tout se passera bien. Se rappeler cette expérience m’aide à relativiser sur plein de petits moments flippants du quotidien et à envisager les prochains défis comme des opportunités plutôt que des risques.
🔮 C’est quoi la suite ?
Eh bien, figure-toi que lors de ce voyage à San Francisco, j’observais les sièges sociaux d’entreprises connues : Facebook, Twitter, AirBnB etc. J’avais eu un coup de coeur pour l’état d’esprit de la ville. C’était décidé, mon objectif serait d’intégrer une entreprise américaine dans la tech pour ensuite déménager à San Francisco. La semaine prochaine, je te parle de tous les facteurs qui m’ont aidée à postuler chez Microsoft.