Cher toi,
Cela fait 1 mois que je ne t’ai pas écrit.
Depuis que j’ai appris ma grossesse, j’ai ralenti le rythme.
Déjà, car je dors beaucoup… 🫣
Mais aussi car je ressentais le besoin de lever le pied sur plein de sujets : le travail, les travaux de rénovation, la prise de parole sur les réseaux sociaux…
J’apprécie ce temps pour moi, ce repos pris dans le tumulte du quotidien.
Je me sens plus reposée, moins stressée.
Mais depuis quelques semaines, j’ai redécouvert un sentiment que j’avais oublié :
La culpabilité.
Je culpabilise à l’idée de ne pas faire assez.
Alors que j’ai commencé cette newsletter il y a 1 an pour apprendre à ralentir et rééquilibrer ma vie (travail, santé, hobbies…).
J’ai hésité à en parler en me disant que ce n’était pas si important… mais plus j’y réfléchis, plus je me dis que c’est LE sentiment qui m’a mise dans de beaux draps les années précédentes.
5 ans à fond les ballons 🎈
J’ai commencé à travailler à l’âge de 20 ans grâce à l’alternance.
3 ans dans de gros groupes à découvrir la vie d’entreprise, les open spaces, les responsabilités, les réussites, les deadlines… et à chaque expérience, assister à des burn outs.
Du coup, lorsque j’ai terminé mes études, je me suis dit que je voulais :
🔸 Avoir du sens dans mon travail.
🔸 Voir l’impact concret de mes actions.
🔸 Vivre dans un cadre qui me rend heureuse.
🔸 Ne jamais délaisser mon bien-être.
Début 2019, je fais mes premiers pas dans le monde de la startup…
… que je n’ai jamais quitté.
Jeune, pleine d’énergie et d’optimisme, je veux montrer que j’en veux.
Qu’ils ne regretteront pas d’avoir misé sur une junior.
Je donne TOUT.
Je tacle les sujets rapidement, je passe d’un sujet à un autre, je réagis vite en cas de pépin, je tiens bien la pression.
Fin 2020, on me propose de rejoindre une startup à sa création car j’avais montré que je gérais dans mon métier.
On me fait encore plus confiance, je suis seule à gérer un sujet de 0.
Faut tout créer pour faire connaître la marque et le produit.
Je redouble d’effort !
Le travail devient mon hobby n°1.
Ça me passionne car l’impact de mon travail est visible et mesurable.
Je sacrifie mes soirées, mes vacances, les moments avec mon compagnon, je ne prends plus soin de mes amitiés et de mes proches.
Jusqu’au craquage fin 2022 où je me mets à pleurer sans arrêt derrière mon écran.
Si tu me lis pour la 1ère fois, je te raconte le récit du burn out (évité de peu) ici :
J’ai lutté jusqu’à fin 2023.
2024, j’ai commencé à rédiger cette newsletter et j’ai redécouvert tout ce qui manquait à mon équilibre physique et mental : le plaisir de faire du sport, le plaisir de sociabiliser, le plaisir de ne rien faire, le plaisir de bien manger, le plaisir de redécouvrir ses hobbies d’enfance. (en ce moment, je meurs d’envie de rejouer aux Sims !)
Des mains dans l’opérationnel à la tête dans la stratégie (enfin… un peu des deux).
Fin 2024, je sens que j’ai fait le tour de mon métier.
Je répète les mêmes missions sans cesse depuis janvier 2021, à un rythme effréné.
Grâce au travail d’introspection effectué sur cette newsletter, je réalise que je ne veux plus de ce schéma, que j’ai besoin de prendre de la hauteur sur ce que je fais pour avoir une vue d’ensemble sur la stratégie… et de transmettre mon savoir.
Depuis janvier 2025, je m’occupe donc de la stratégie marketing de la startup et j’ai transmis mon savoir à une nouvelle recrue.
Je garde d’anciennes missions opérationnelles et je découvre de nouvelles missions : planification, campagnes de communication, management, packaging produit…
Depuis le début de l’année, tout se passait bien, c’est très stimulant sur le plan intellectuel.
Mais lundi dernier, je me suis surprise à culpabiliser.
Réunion d’équipe marketing, on mouline un peu sur l’acquisition de nouveaux clients et le CEO met sur la table un sujet prix.
Je suis physiquement là.
J’écoute.
Mais je suis incapable de réfléchir.
Alors que j’aurais du :
Penser à cette piste par moi-même.
Réagir aux discussions.
En sortie de réunion, je me suis sentie nulle… pas à la hauteur.
Prix, produit, distribution, communication… le mix marketing, c’est la base de mon métier.
Mais avec la fatigue, je me suis rendu compte que j’étais retombée instinctivement dans mon ancien schéma : la tête dans le guidon.
Je tacle tous les sujets prioritaires du jour pour le lendemain et je repousse sans cesse les sujets stratégiques qui pourraient apporter énormément de valeur à l’entreprise.
J’aurais pu faire profil bas et me reposer sur mes lauriers tant qu’on ne me disait rien.
Mais j’ai décidé d’en parler.
Car depuis que je travaille avec ces fondateurs, ils m’ont toujours appris à parler de mes frustrations, et cela a toujours été payant pour débloquer et améliorer des situations.
Juste après la réunion, j’ai envoyé un message au CEO pour lui parler du sujet et nous avons décidé d’en discuter ce lundi à 9h. Donc demain, si tu me lis dimanche.
Ma seule mission avant l’appel : noter tout ce que j’aime et me frustre dans mon métier.
Prendre du recul sur cette culpabilité pour mieux la comprendre 🔎
Ordi devant les yeux, feuille blanche, je commence à réfléchir.
Je note tout ce que j’aime :
🔸 Planifier à l’année et au trimestre.
🔸 Imaginer des campagnes.
🔸 Faciliter et organiser le travail de l’équipe.
🔸 Transmettre mon savoir.
🔸 Suivre le parcours complet d’un utilisateur grâce aux données.
Et tout ce qui me frustre :
🔸 Les process pas rigoureux qui font perdre du temps.
🔸 Les sujets qui prennent du temps et ne rapportent rien à la boîte.
🔸 Les sujets qui ne sont pas mesurables.
🔸 Les sujets de defocus où l’on dépense de l’énergie sans stratégie claire.
🔸 L’impression d’être inutile ou pas à la hauteur sur les sujets clés.
Bon, je ne suis pas entrée dans le détail ici, mais sur mon Notion, j’ai ajouté des exemples concrets pour illustrer mes propos.
J’en suis arrivée à la conclusion qu’il y avait plusieurs pistes pour stopper cette frustration :
Accepter qu’on ne peut pas être au taquet toute l’année (et toute sa vie) et que cette année est particulière avec la grossesse. Même avec l’âge, peut être que mes priorités vont changer.
Accepter que ne plus proposer de résultats concrets avec de l’opérationnel ne veut pas dire que je n’apporte pas de valeur. Que ma valeur réside dans la réussite/ le bien-être des membres de l’équipe et l’atteinte des objectifs globaux de la boîte.
Supprimer/ abandonner les sujets qui demandent beaucoup d’énergie pour peu de résultats.
Identifier et améliorer les process répétitifs qui font perdre beaucoup de temps et d’énergie à l’équipe. (exemple : être 4 à relire un doc 10 fois pour le valider car à chaque étape, on s’est rendu compte qu’il manquait quelque chose… chose que l’on a oubliée dans le brief initial.)
Bref, j’ai pris 1 heure de mon temps pour faire cette pause méditative, sur les conseils du CEO et ça m’a fait un bien fou, avant même que l’on ait parlé du sujet ensemble.
Je ne me sens plus désarmée face à la situation.
Je sais que j’ai des solutions à disposition pour améliorer les choses et partir en congé maternité sereine (fin août, ça approche vite !).
À chaque moment de la vie son propre rythme. 🗺️
Alors oui, le fait d’avoir ralenti a généré pas mal de frustration côté travail.
Mais depuis que je rédige cette newsletter, je sais maintenant que le travail n’est plus LA seule clé de mon équilibre.
En prenant du recul, j’ai réalisé à quel point ce ralentissement a eu des bénéfices sur les autres pans de ma vie.
📌 J’ai l’impression d’être pleinement présente dans les moments du quotidien. Lorsque ma mère me montre son potager, j’observe, je questionne, je profite du moment. Lorsque mon compagnon me propose d’aller boire un café sur le port, je savoure ce moment, on a de vraies discussions. Ma tête n’est plus accaparée par le boulot.
📌 Je suis moins anxieuse et accro à mon téléphone. En fin de journée, je ne ressens plus le besoin de lâcher toute la pression accumulée par le stress. Avant, je me ruais sur une série, sur Youtube ou les réseaux sociaux pour poser mon cerveau. Avec ce nouveau rythme, les soirées après le boulot sont des moments où je prends plaisir à aller marcher, aller rendre visite à mes parents, à cuisiner. Bref, à poursuivre ma vie.
📌 J’ai le sentiment de reprendre ma vie en main. Hyper clichée comme phrase. 😂 Mais avec le rythme effréné que je m’imposais avant, je n’avais plus le temps de penser à ma propre vie, à mes aspirations, à faire des plans pour le futur. En levant le pied, je me projette sur l’année, avec une nouvelle vie à trois, un nouveau rythme. Je me sens plus sereine et apaisée.
Alors pour conclure, je souhaitais aussi m’excuser de ne plus t’écrire aussi fréquemment qu’avant. J’en ai pourtant l’envie mais je crois que je me suis mis un peu trop de pression à vouloir développer des sujets profonds à chaque newsletter alors que je n’en ai pas l’énergie. Si cela te convient, j’aimerais reprendre une rédaction plus régulière, mais un peu plus légère… comme des lettres à un ou une amie pour te donner des nouvelles du front et prendre des tiennes. Je reprends un peu de service aussi sur Instagram, sans me mettre la pression de vouloir faire de belles choses. Juste partager mes avancées avec les personnes qui préfèrent les photos et les stories plus courtes. 🧡
Tout pour le plaisir !
Ça te conviendrait ce genre d’échanges plus spontanés ? 😊 Comme un vrai journal de bord, finalement.
On ne s’est peut-être jamais rencontré “en vrai”, mais je me suis accrochée aux +3 000 humains qui me lisent et commentent mes récits. J’ai l’impression de discuter avec des personnes bienveillantes et réfléchies, loin des commentaires parfois durs des réseaux sociaux.
Merci d’être toujours au rendez-vous malgré mes longues siestes. 😂
D’ailleurs j’ai battu un record samedi dernier, j’ai dormi 14 heures. Je n’avais pas fait ça depuis mes 15 ans.
Prends soin de toi et à très vite,
De mon côté, je retourne travailler sur les joints de la future terrasse. 👷♀️
Margaux
Si tu sens que c’est bon pour toi de faire différemment alors ne te questionne pas davantage et suis ton flow ! Personnellement je ne te lis pas pour avoir un guide pratique de survie mais plus comme le blog d’une amie lointaine qui donne des nouvelles de sa vie et qui m’aide à réfléchir à ma propre vie👌🏻
Bonjour Margaux,
Je rejoins les autres sur le fait qu'il faille faire ce qui te plaît et ce qui te ressemble le plus 😉
C'est la clé pour que tu puisses t'épanouir dans ce que tu fais.