D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais trop eu confiance en moi.
En mon corps, en mes capacités.
Je ne me suis jamais sentie légitime à être moi et à parler en public.
J’ai toujours eu l’impression d’être redevable de tout.
Merci de m’avoir donné une bonne note.
Merci de m’avoir acceptée dans ce master.
Merci de m’avoir prise dans cette alternance de fou.
Merci de m’avoir embauchée en CDI.
Merci de m’avoir emmenée avec vous dans cette startup.
Honnêtement, je ne sais pas d’où ça vient.
Mes parents ne m’ont jamais rabaissée.
J’ai toujours été autonome dans mes études et ma vie.
Mais j’ai toujours eu peur de l’échec.
Le jour où j’ai raté mon permis, j’étais effondrée.
Le jour où Paris-Dauphine m’a refusée après l’écrit, je me suis sentie bête.
Le jour où j’ai commencé à prendre du poids, j’ai eu l’impression de me donner le coup final et que plus personne ne reconnaîtrait ma valeur à cause de mon physique.
(alors que ce n’est PAS GRAVE).
J’avais tellement peu confiance en moi qu’en alternance, je me terrais dans mon coin.
J’ai délaissé mes petites vestes de tailleur et derbies vernies, j’ai arrêté de me maquiller : je voulais être invisible (mais performante).
Cela m’a valu le surnom de “petite souris” par ma N+2 de l’époque.
Peut-être que, comme j’avais de bonnes notes, on s’attendait à ce que je réussisse constamment.
Après mon alternance, je me suis mis une pression de malade et je suis devenue un bourreau de travail.
Besoin de travailler toujours plus pour prouver ma valeur, quitte à me blesser en chemin.
Mais je n’étais pas du genre à me vanter du travail accompli.
J’attendais sagement qu’on le remarque et qu’on me récompense.
Mais récemment, alors que je préparais mon entretien annuel, j’ai réalisé que quelque chose avant changé depuis la fin d’année. J’ai même noté qu’il s’agissait de ma plus grande réussite de 2024.
J’ai retrouvé confiance en moi.
🌅 Aujourd’hui, j’aimerais prendre le temps de te parler du cheminement et des outils qui m’ont aidée à évoluer.
J’ai une faiblesse estime de moi, donc je ne mérite pas.
Grâce à cette newsletter, j’ai passé beaucoup de temps à réfléchir.
J’ai retracé mon parcours, analysé mon enfance, repensé aux comportements des autres envers moi, ou même à mon propre comportement envers moi-même.
J’ai réalisé qu’enfant, je ne remettais jamais ma valeur en question.
Ma seule préoccupation, c’était de vite rentrer de l’école pour finir de construire ma cabane dans le champ d’à côté.
La belle vie, quoi.
👉 Les premiers jugements extérieurs
Du coup, à quel moment ai-je commencé à remettre en doute ma valeur ? À l’âge où les garçons (et les filles) ont commencé à me juger.
Fin d’école primaire, les dessins animés commencent à nous matrixer par “les amoureux”.
Je suis passée de super copine de jeu à potentielle amoureuse et potentielle rivale (c’est tellement ridicule quand on y repense, on avait 10/13 ans quoi !).
Et plus les années ont passé, plus on a émis un jugement sur ma personne :
mon corps
mon humour
mon caractère
mes capacités intellectuelles
Purée, je n’avais rien demandé à personne !
Il faut l’avouer, j’ai parfois eu des jugements très durs.
Sur mes cuisses, mes (anciennes) dents du bonheur, mes goûts musicaux, mon attirance pour les jeux vidéo, pour l’histoire.
Au fil du temps, j’ai réalisé que je n’étais pas une personne cool aux yeux des gens populaires.
En études supérieures, j’ai même réalisé qu’on se rapprochait de moi uniquement lors de projets scolaires car je faisais partie des têtes d’ampoule.
C’est hyper blessant pour l’estime de soi.
C’est sûrement ici que j’ai associé le fait d’être intéressante à ma capacité à bien travailler.
Bizarrement, je suis devenue une personne cool lorsque j’ai atteint mon poids le plus bas et ai tenté de devenir extravertie. J’étais jolie, fêtarde et intelligente. Parfaitement dans le moule.
Cela a été de courte durée.
J’ai repris du poids, et je me suis réfugiée dans mon travail.
Je n’ai brillé de nouveau qu’en étant acceptée chez Microsoft en alternance.
Au fond de moi, je me suis dit que c’était une belle revanche.
J’étais fière de moi.
Mais tous ces jugements extérieurs ont détruit l’estime que j’avais de moi.
J’avais intégré toutes ces critiques comme étant une vérité sur ma personne.
Les joies de l’école de commerce.
Une fois partie en Master à la fac, tout est rentré dans l’ordre.
👉 Autoriser et s’infliger ce qu’on n’aurait pas voulu pour soi.
Quand on retrace tous les évènements que l’on a vécus dans sa vie, même les petites choses que l’on a tendance à oublier, on réalise que l’on devient horrible avec soi-même.
Je dirais même que l’on devient son propre poison.
À cause de la faible estime que l’on a de soi, on s’interdit de belles opportunités.
On rêve d’une entreprise, mais on ne tente pas notre chance en se disant “de toute façon ils ne m’accepteront pas”.
On ne s’inscrit pas à un évènement qui a l’air incroyable parce qu’on se dit “je n’y arriverais pas, même en m’entraînant”.
On s’interdit de danser ou chanter alors qu’on en meurt d’envie “parce qu’on ne sait pas le faire parfaitement”.
À cause de la faible estime que l’on a de soi, on s’autorise à recevoir ce qu’on ne veut pas.
Tu peux me donner tes réponses ? Oui.
Tu peux faire cette tâche à ma place ? Oui.
Tu peux garder mon chien pendant toutes tes vacances ? Oui.
Alors qu’au fond de nous, on meurt d’envie de dire non.
Mais au final, pourquoi cette personne aurait plus de droits que vous ?
Elle a cumulé plus de points de valeur ? Elle le mérite plus ?
À quel moment on a autorisé les gens à nous traiter comme des merdes ?
Alors oui, parfois c’est pour rendre service, ça fait plaisir.
Mais au moment où cela devient habituel et qu’il n’y a rien en retour, c’est qu’on nous prend pour des pigeons.
Après avoir réalisé que je répétais sans cesse le même schéma et que je laissais les autres valider ma propre valeur sans que je puisse dire un mot, j’ai voulu reprendre le contrôle.
C’est facile à dire, mais pas à faire.
Je n’ai pas suivi un plan précis.
Mais en y réfléchissant aujourd’hui, je sais qu’il a des leviers qui m’ont aidée.
Si tu es dans la situation que j’ai décrite au-dessus, j’espère que cette liste pourra t’aider. Elle n’est en aucun cas un guide, car on vit tous dans des contextes différents. Un psychologue sera plus à même de t’aider que moi.
4 leviers qui m’ont aidée à changer la perception que j’avais de moi
1️⃣ Analyser le comportement des autres à travers le prisme de mes valeurs fondamentales
Peu importe ce que l’on disait de moi, venant de n’importe qui, j’acceptais le jugement et l’interprétais comme une vérité. “S’il le dit, c’est que c’est vrai”.
Puis j’ai réalisé que dans la vie, je jugeais des produits selon des filtres : la composition, l’entreprise qui les produit, l’efficacité.
Il y a des produits que j’autorise à mettre dans mon corps, et d’autre non.
Ce n’est parce que l’industrie du tabac dit me rendre cool que je vais aller fumer une clope.
Je me suis rendu compte que je n’appliquais pas ces filtres aux gens qui me jugeaient.
Alors non, ce ne considère pas les gens comme des objets.
Mais j’estime aujourd’hui que certaines personnes ont plus de droits que d’autres à émettre un jugement sur ma personne.
Pour créer mes propres filtres, j’ai réfléchi aux valeurs fondamentales qui avaient de l’importance pour moi :
La bienveillance
La justice
La tolérance
…
Aujourd’hui, je me dis qu’une personne qui n’est pas bienveillante envers les autres, envers les animaux, envers la société ne peut pas émettre une vérité fiable sur ma personne.
Elle me juge peut-être pour pouvoir briller en société.
Elle me juge peut-être parce qu’elle est frustrée dans sa vie.
Mais elle ne me juge pas avec bienveillance.
En appliquant des filtres, je prends conscience que l’opinion de BEAUCOUP de personnes n’a pas de valeur. Ce n’est basé que sur des a priori, des actions qui ne sont pas analysées dans leur ensemble, un système de valeurs différent du mien.
Je sais cependant que j’écouterais le jugement constructif de personnes partageant les mêmes valeurs que moi.
2️⃣ Retracer mon histoire personnelles pour réaliser ce que j’ai accompli
Si je te demande de juger ta vie aujourd’hui, tu auras peut-être le réflexe de dire : “Je n’ai rien fait d’exceptionnel.”. Je me suis souvent dit ça aussi. J’ai grandi à la campagne, famille stable de techniciens, bonnes notes, bon métier. Bref, un chemin classique sans folies. J’ai commencé la vie avec des privilèges, j’en suis conscience.
Quand on se compare, on se dit qu’on aurait pu faire mieux.
Mais on oublie souvent d’analyser en détail tout ce que l’on a vécu, dans quel contexte.
Quand on le fait, on réalise que l’on a parfois eu des comportements de super héros que d’autres n’auraient pas oser ou eu le courage de faire et ça redonne un bon boost de confiance en soi.
Pour ma part, j’ai une vie stable et plutôt réussie, mais je l’ai (en partie) car :
Au lycée, je lisais mes livres d’histoire, de français, d’anglais EN ENTIER avant la rentrée scolaire.
Je réécrivais mes cours des dizaines de fois pour mémoriser les lettres que j’écrivais. Le jour de l’examen, je me souvenais des sujets en me rappelant le geste que j’avais fait pour écrire les mots.
J’ai testé les limites des règles du “stage à l’étranger” en demandant à une famille américaine si je pouvais leur créer une galerie d’art en ligne et faire passer cela pour un stage, en échange de garder leur fils, de nourriture et d’un hébergement. Peu l’auraient oser pour valider un stage aux États-Unis. (Mes parents ne voulaient pas que j’y parte, et j’ai tout réservé sans leur consentement, avec l’argent de mon job d’été).
J’ai postulé chez Microsoft en alternance, à Paris, alors que mes parents n’avaient pas d’argent pour m’aider et me disaient que je ne pouvais pas aller là-bas. L’entreprise a payé mon école, je me suis démerdée avec le salaire minimum de l’alternance et les aides de l’état pour payer mon loyer et mes courses. Je n’ai pas demandé 1 centime à mes parents. J’ai sifflé mes petites économies, c’était dur, mais ça l’a fait.
J’ai acheté un appartement que j’ai mis en location à 23 ans, sans avoir de résidence principale, sans argent de côté.
Quand on met le doigt sur ce genre de petites victoires, on réalise qu’on a fait preuve de courage et de résilience à certains moments de la vie.
OUI c’est hyper prétentieux de dire ça.
Mais je pense qu’on ne l’est pas assez quand on manque de confiance en soi.
Franchement, osons célébrer nos victoires !
On n’a pas à en avoir honte et les personnes qui ont l’air d’avoir confiance en elles ne s’en privent pas. C’est même pour cela qu’on les admire tant.
Votre vie n’est pas aussi “simple” que ce que vous imaginez, je suis sûre que vous avez réalisé plein de petites choses que beaucoup n’auraient pas osé ou auraient eu du mal à affronter.
Parfois vous grandissez dans des contextes difficiles et vous ne vous rendez pas compte de la force que vous avez eue pour avoir la vie “simple” que vous menez.
On est des giga boss et il n’y a pas de honte à s’en rappeler. 🧡
3️⃣ Tenter, même si ça fait peur.
Quand on n’a pas confiance en soi, on ne fait pas.
Quand on m’invitait au karaoke, je ne chantais pas.
Quand on m’invitait à un évènement, je ne dansais pas.
Quand on me proposait une activité physique, je refusais.
Quand je lorgnais sur un job, je n’osais pas tenter ma chance.
Mais si on ne fait rien, rien ne change.
Je ne sais pas comment j’ai eu ce déclic, mais j’ai tenté le “fake it until you make it”.
Je sais qu’on en entend beaucoup parler, que ça peut paraître gnangnan mais toutes les fois où j’ai tenté des choses qui me terrorisaient, j’étais trop fière de moi après l’avoir fait !
Parfois, j’ai tenté des choses et cela a fonctionné.
Parfois, je me suis pris des refus, des échecs.
Mais je n’ai jamais regretté d’avoir essayé.
Alors qu’avant, je regrettais de ne pas avoir tenté ma chance.
Mine de rien, quand on réalise que l’on est capable de beaucoup de choses, notre estime de soi évolue.
4️⃣ Oser en parler pour partager et évoluer.
Il n’y a pas de honte à ne pas avoir confiance en soi.
On est des milliards sur Terre à ressentir ça.
On a tous fait les frais du jugement des autres.
Grâce à Funambule, cette newsletter, j’ai réalisé qu’en parler avait eu plusieurs bienfaits :
Cela me force à l’introspection. Je me connais mieux.
Cela m’a permis de me rendre compte que je n’étais pas seule. Je me sens comprise.
Cela m’a permis d’échanger des conseils, de remettre en question mes opinions.
En vrai, le plus gros du travail, c’est de prendre conscience que l’on a une faible estime de soi (introspection, discussions…) et des mécanismes qui influent dessus (analyse, recherches…).
Ensuite, les gestes réparateurs s’appliquent assez naturellement parce qu’au quotidien, les mécanismes sont devenus visibles. On n’a plus envie de les subir. 😊
Parce qu’on n’a plus envie de laisser les autres contrôler notre valeur.
Il n’y a que nous dans notre tête.
On est les seuls à connaître notre histoire, nos sentiments.
On est donc les seuls à pouvoir les comprendre et les juger.
Et toi, est-ce qu’il y a des exercices qui t’ont aidé.e ?
Es-tu dans ce cas en ce moment ? 😀
Je suis vraiment contente d’avoir couché tout ce cheminement à l’écrit. J’ai souffert d’un manque de confiance en moi pendant des années et c’est une sensation incroyable de réaliser que, peu importe mon poids, mon apparence, mes capacités du moment : j’ai une bonne estime de moi à présent.
Je sais que je donne le meilleur de moi-même, je m’en fou de ralentir quand j’en ai besoin, j’ai compris que mes compétences avaient de la valeur, que je vivais en accord avec mes valeurs, qu’il y a des choses sur lesquelles je ne peux pas agir et que ce n’étais pas de ma faute.
Depuis, je me sens plus libre et légère.
J’espère que ce retour d’expérience pourra t’aider aussi. ✨
Bon courage à toi, je suis convaincue que tu vas y arriver !!
On se trouve début mars. Ce sera une newsletter importante. J’ai un peu peur d’en parler.
Prends soin de toi,
Margaux
PS : Je suis désolée je ne plus être aussi régulière dans l’écriture, de prendre énormément de temps à répondre aux commentaires. En ce moment, j’accumule beaucoup de fatigue et je tombe malade sans cesse. Là je suis au fond du canapé avec une sinusite carabinée. 😂
Cela valait le coup d’attendre ton prochain écrit. J’adore cette édition, comme pour beaucoup de lecteurs et lectrices je pense, nombre de tes mots ont résonné en moi. Et je me rends compte que je n’ai pas aussi confiance en moi que je ne le pense…
Merci pour ce beau témoignage plein d'humilité! il fait écho à ma situation du moment, car je n'ose pas bousculer ma vie alors que je sais que j'en ai terriblement besoin. ça fait du bien de lire qu'on n'est pas seul(e)s :-)