Lundi, 11 h, je grimpe dans le train, valise à la main.
Je m’installe dans un carré isolé en bout de wagon et pose mes affaires.
Alors que le conducteur annonce la fermeture des portes et le départ du train, mon ventre se serre.
Je laisse Cherbourg et la maison pour 1 semaine.
Le train quitte la gare et je vois ces paysages si familiers s’éloigner au fil des minutes.
La jolie ville rénovée, la montagne du Roule, les champs et les marais de Carentan disparaissent à l’horizon.
Le Cotentin, tu vas me manquer.
À ce moment, je ressens des émotions contraires :
L’excitation à l’idée de revoir mes collègues et de vivre un quotidien différent… mais aussi l’anxiété de quitter mon cocon douillet.
Ma routine confortable, mon lit réconfortant, mes chats apaisants, mes paysages reposants…
Je ne sais pas si ça t’arrive d’avoir la petite boule au ventre lorsque tu quittes le nid que tu t’es construit.
Plus je repense à ces émotions, plus je me demande :
«Me suis-je autosabotée ?»
«Ai-je inconsciemment forgé les chaînes de mon propre piège ?»
Je t’explique.
Merci pour l’accueil que vous avez fait à l’édition précédente (et très intime) sur la relation que j’entretiens avec mon corps. ❤️ Si tu ne l’as pas lue, elle est ici :
Retour à la vie active
Il est 14 h 30 lorsque j’arrive enfin à Dives-sur-Mer, à l’usine Pimpant.
En 3 h 30, j’aurais pu aller jusqu’à Paris, mais il m’aura fallu 1 h de paysage qui défile, 1 colis suspect explosé, 1 bus raté et 1 h de bus pour arriver à destination.
Bon, ce n’est clairement pas un trajet commun pour aller bosser, mais lorsque j’arrive sur place, je réalise un truc :
À la maison, sur la même période de temps, j’aurais mangé deux repas sans avoir faim, parlé à personne et parcouru moins d’1 km.
Là, j’ai réussi à contrôler ma faim, j’ai marché 3 km, et j’ai parlé à Alisson (qui arrive d’Auvergne) pendant plus de 2 heures.
Je suis accueillie par mes collègues, qui ont l’air ravis de notre visite.
Karline & Baptiste, fondateurs de Pimpant, Valentin qui orchestre les travaux de l’usine et la grande équipe logistique qui prépare chaque jour avec soin toutes les commandes.
Nous ne nous sommes pas vus depuis le mois de mai, moment où nous avons organisé une retreat (séminaire) d’1 semaine dans un éco-lieu.
Pourtant, au fond de moi, j’ai l’impression que nous sommes tous les jours ensemble grâce à Slack, outil sur lequel nous avons créé notre bureau virtuel.
J’installe mes affaires dans l’open space et avec Alisson, nous déposons notre casquette marketing pour en revêtir une autre : peintre en bâtiment.
Objectif : repeindre un mur en blanc avant que Magdalena, notre graphiste, dessine l’histoire de Pimpant sur une grande fresque.
2h plus tard, objectif atteint.
Je n’ai pas mis le nez sur Slack, j’ai oublié l’existence de mon téléphone et je marche 30 min jusqu’au logement.
En quelques heures, j’ai :
marché
réalisé une activité physique et manuelle
déconnecté des écrans
sociabilisé
Ce fut ainsi toute la semaine.
J’ai redécouvert le plaisir de la vie de bureau, les activités manuelles, les verres avec les collègues autour d’une partie de fléchette, les longs moments à discuter de tout et de rien pendant des heures.
Tout ce que j’ai du mal à faire dans mon quotidien.
Productivité vs Santé
Honnêtement, même si j’ai eu la boule au ventre en partant de chez moi, je savoure chaque minute de cette semaine en présentiel.
Chaque heure passée au bureau s'ajoute comme un poids à ma balance intérieure. Le présentiel, avec ses rires partagés et ses discussions impromptues, me manque d'une manière que je n'avais pas anticipée. Pourtant, chaque moment de distraction me rappelle pourquoi j'avais choisi de m'isoler en 100% télétravail à Cherbourg.
Plus les années passent, plus je nuance mes propos sur le présentiel vs le télétravail.
J’ai l’impression que l’un favorise la vie sociale, la collaboration et l’activité physique “non sportive” (le NEAT) et que l’autre favorise la productivité.
Quand l’un est trop présent, il pénalise l’autre.
En même temps, j’ai l’impression qu’il n’y a pas de situation idéale.
Le télétravail apporte la liberté, notamment géographique.
Le présentiel apporte la vie sociale.
L’hybride apporte les deux, mais rend la distance géographique plus compliquée. Si Pimpant avait été à Cherbourg, cela aurait été parfait !
Depuis que j’ai le nez dans la vie active, donc depuis 9 ans en comptant mon alternance, j’ai testé ces trois modes de travail.
Chez Naval Group à Cherbourg, j’étais en présentiel, heureuse et stimulée, mais isolée dans un bureau et limitée dans mon organisation côté horaires.
Chez Microsoft, j’avais la liberté de venir au bureau et de télétravailler 1 à 2 fois par semaine. Je sociabilisais, marchais, faisais du sport avec mes collègues le midi, mais j’étais loin de ma ville de cœur et de mes proches.
Chez Pimpant, je suis stimulée, dans ma ville, avec mes proches, libre, mais loin de mes collègues et toute tentative de “recréer” une vie active demande plus d’efforts.
Me suis-je auto-sabottée ?
Je ne sais pas.
Je ne pourrais pas répondre par oui ou non à cette question, mais elle m’amène à réfléchir aux choix que j’ai fait.
Grâce au 100% télétravail, j’ai réussi à réunir tout ce qui compte le plus dans ma vie : ma famille, mon compagnon, un métier stimulant, la liberté… mais à un prix : celui d’une vie plus sédentaire et isolée.
Je pense qu’au fond de moi, en prenant cette décision de revenir à Cherbourg en 2018, je savais que j’allais casser la routine saine que j’avais mise en place.
Je savais que j’étais à l’aise seule, que travailler seule chez moi allait me permettre de me concentrer plus facilement, de travailler mieux et plus vite, tout en sachant que j’ai besoin :
d’être entourée de sportifs pour faire du sport
d’être entourée de personnes à la vie saine pour bien manger
d’extravertis pour sortir et m’aider à gagner en confiance en moi
Comme on l’entend souvent :
«Nous sommes la moyenne des 5 personnes que nous fréquentons le plus !»
Aux côtés de mon entourage physique actuel (donc à Cherbourg), je suis la moyenne de personnes qui adorent manger, qui font beaucoup de travaux, qui aiment se creuser les méninges, mais qui n’aiment ni sortir ou sociabiliser, ni faire du sport.
Ce n’est pas une critique, car mon entourage est heureux ainsi.
C’est un constat d’autosabottage.
Au fond de moi, je savais où j’allais et je connaissais mon caractère.
Aujourd’hui, pour changer et améliorer mon équilibre de vie, tout dépend uniquement de ma volonté à vouloir changer.
Pour y arriver, j’ai peut-être besoin de recréer ce contexte social ici :
un groupe de télétravailleurs pour aller bosser dehors (fait ✅ mais à entretenir)
un groupe de sportifs ou une inscription dans de nouveaux sports (⚙ en cours avec l’association de course à pied… et je réfléchis à d’autres activités comme l’escrime ou le pilate.)
et pour l’alimentation, je n’ai toujours pas trouvé la clé, mais ça tu le sais, je t’en parle souvent. (perdue ❓)
Il est temps de sortir de ma zone de confort et d’aller recréer l’environnement stimulant dont j’ai besoin pour avancer.
Je sais que ça ne tient qu’à moi.
D’ailleurs, tu fais aussi partie de cette équation positive.
Plus les newsletters défilent, plus je vois à quel point la communauté qui s’est créée sur Funambule est incroyablement bienveillante et de bon conseil en commentaire. Juste un immense merci ! Je suis convaincue qu’au-delà de la vie sociale locale, il est possible de créer cet élan positif et bienveillant dans un espace virtuel. Peut-être qu’un jour, je créerais un espace Discord pour qu’on puisse tous apprendre à se connaître et partager nos bons conseils au quotidien. Hobbies, activité physique, alimentation, bien-être mental etc.
C’est quelque chose qui te tenterait ? 😁
Si tu m’as lue jusqu’ici, n’hésite pas à partager ton ressenti ou ton expérience à ce sujet et si tu n’es pas inspiré, tu peux juste m’indiquer si créer un espace interactif sur Discord t’intéresserait.
À dimanche prochain et passe une bonne semaine,
Margaux
Selon moi tu ne t’es pas auto sabotée et de loin ! Tu as fait un choix que tu assumes, tu es consciente des points forts de ce choix et tu mets en place des astuces/ rencontres… pour pallier aux axes d’amélioration ! Bravo !
Coucou je me retrouve un peu dans ta newsletter, je sors moins depuis 1 an ou 2, je me suis mise dans ma bulle, mon petit cocoon qui m'allait bien et j'ai plus de mal à casser ça et me forcer à sortir plus loin dans une ville plus dynamique. Mais après on évolue aussi chaque jour et ce que j'ai eu besoin pendant cette année n'est plus ce dont j'ai besoin aujourd'hui et je sais que je suis prête à avancer et changer de rythme et de routine. Je trouve ça bien aussi de se dire que malgré cette routine et ce cocoon où on est bien, on évolue toujours et on doit sans cesse chercher à retrouver un nouvel équilibre qui n'est jamais le même. Déjà si tu trouves plus d'activités sportives et que tu rencontre du monde ça te fera du bien (et souvent le monde sportif t'aidera pour l'alimentation 😉)