📼 Retour en février 2019.
6 mois de chômage.
6 mois que j’ai retrouvé les contours brumeux et les falaises abruptes de La Hague.
Ma petite Irlande.
Ma maison.
Là où je me sens bien.
Là où je veux vivre.
(Note : je vais vous montrer quelques photos de La Hague que j’ai prises en 2019. 😁)
J’aurais pu te peindre cette pause comme un choix délibéré, comme une respiration après une course effrénée à Paris, mais la vérité est plus amère :
J’ai passé d’innombrables heures à jouer à Civilization VI. Oups.
J’ai essuyé de nombreux refus suite à mes candidatures.
Pendant 6 mois, j’ai rédigé des lettres de motivation comme on me l’avait appris… puis j’en ai eu marre et j’ai postulé à ma manière.
Dans une précédente édition, je t’ai raconté comment, fraîchement diplômée, j’avais tourné le dos à des offres alléchantes pour revenir à la maison, où le marché de l'emploi en marketing et communication semblait inexistant.
Aujourd’hui, j’aimerais te raconter la façon dont j’ai décroché mon premier CDI en télétravail et te parler d’émotion. C’est dur d’oser être soi en société, avec ses vulnérabilités, mais ça vaut parfois le coup.
🫡 La meilleure règle : arrêter de suivre les règles.
Sixième mois de chômage entamé, l’angoisse commence à s’installer.
Mes amis décrochent de super jobs et moi, je balance entre deux extrêmes :
C’est décidé.
Soit je travaille depuis Cherbourg, soit je pars en VIE.
Je crois qu’au fond de moi, j’avais tellement envie de construire ma vie à la pointe de La Hague qu’en étant dos au mur, j’y ai mis toute mon énergie.
Marre de lire des annonces locales ennuyeuses à mourir.
Marre des exigences de “2 à 5 ans d’expérience minimum”.
Je décide de chercher autrement, et je tape :
“Remote work job”, explorant toutes les variantes possibles.
Je découvre un nouveau monde : celui du 100% télétravail.
Là, je me dis :
Ok, le monde vient de s’ouvrir à toi !
Je fouille sur :
Et là, une annonce capte mon attention sur Welcome To The Jungle.
Le métier que je voulais faire en sortant de chez Microsoft : Content Manager.
La structure que je voulais tester pour voir mon impact : Startup.
Le mode de travail qui me permet d’être à Cherbourg : Remote.
Un sujet qui me fait vibrer depuis petite : Lettres & Cartes Postales.
Comment ça, une annonce parfaite tombe du ciel ?
Ma première pensée a été de me dire :
2 à 5 ans d’expérience… c’est mort.
Je n’ai jamais exercé ce métier.
On va me recaler à l’étape du CV.
Ma deuxième pensée :
Qui ne tente rien n’a rien.
J’allume mon ordinateur et j’écris.
Au lieu des lettres de motivation formatées habituelles, j’écris avec mon cœur.
Je parle de mon intérêt pour ce métier que j’ai brièvement côtoyé en alternance.
Je raconte ma passion pour le courrier et je parle des correspondances épistolaires que j’entretiens avec des gens du monde entier depuis mon adolescence. Je parle des émotions que me procure le fait de recevoir une lettre, que les clients Fizzer devaient ressentir la même chose. (D’ailleurs si ça t’intéresse, j’aimerais beaucoup te parler de mes correspondances !)
J’ose dire que je suis junior, mais créative, que j’apprends vite et que je vais tout donner pour monter en compétence.
Je montre que j’ai quand même de bonnes bases en marketing grâce à mes alternances. Histoire de…
Je ne sais pas ce qu’il se passe dans ma tête à ce moment-là.
Mais je veux ce job.
Je prépare mon dossier, et pof, je l’envoie.
Petit moment de doute, je me dis que j’en ai peut-être trop fait, que c’est ridicule.
📞 Je n’ai pas décroché.
Le lendemain, mon téléphone sonne.
L’anxieuse que je suis n’a pas décroché.
Si c’est important, on me laissera un message."
ET PURÉE, C’ÉTAIT GIGA IMPORTANT.
J’avais reçu un message vocal du genre :
“Salut c’est Baptiste de Fizzer. J’ai vu ta candidature pour le poste de Content Manager. Tu serais dispo pour un entretien ?”.
QUOOOOI ?! Comment ça on me répond si vite ?
Je pensais que j’allais être tranquille 7 jours pour récupérer du stress d’avoir envoyé ma candidature ! (le culot 😂)
Ni une ni deux, je rappelle.
Enfin attends… je prends quand même le temps de préparer mon discours.
Ça bipe.
Mon cerveau, ce gros suicidaire, se dit :
Vite, faites que ça ne décroche pas.
Ça décroche.
Et pile à ce moment, je me pose la question suivante :
C’est le CEO. Je le tutoie ou pas ?
Même pas le temps de réfléchir, Baptiste me demande comment je vais et je réponds :
Ça va et toi ?
Oups.
Ouais super !
Ouf.
Bref, on fait l’entretien et c’est différent de toutes les autres fois :
Aucune zone d’ombre dans ma tête.
J’ai confiance en moi.
Je parle avec honnêteté.
Baptiste me pose une question que je n’avais pas anticipée :
Explique-moi simplement quelque chose de compliqué.
(bah ouais, c’est l’un des rôles du Content Manager de vulgariser, cocotte).
Me voilà en train de parler de la façon dont un sous-marin plonge et remonte à la surface.
Coïncidence, Baptiste connaît bien le milieu.
Je suis honnête sur le fait que je suis junior et je lui demande si ce n’est pas un frein pour lui.
Visiblement, non, car il me demande de passer à l’étape du test technique :
Penser une campagne d’emailing pour la Saint-Valentin, en 48 h.
Pof, je me mets au boulot et encore une fois : c’est fluide.
Je pense à un concept et une offre commerciale.
Je rédige.
Je dessine une BD (wtf ?).
Je prépare une maquette.
Bref, j’adore ce que je suis en train de faire.
J’écris et je dois chercher la performance du contenu en même temps.
J’envoie mon test.
C’est validé.
Je passe à l’étape suivante : l’entretien de fit.
Une discussion avec deux membres de l’équipe (dont Karline) pour voir si le feeling passe.
La discussion est fluide, on rigole, on partage les mêmes valeurs.
Le jour-même : c’est validé.
En février 2019, Karline & Baptiste m’ont fait confiance malgré :
mes 23 ans
mon absence d’expérience sur ce job
Dans ma tête, je me disais que quelle que soit la décision, je ne regretterais rien, car j’avais montré et donné le meilleur de moi-même… Je ne me suis pas fait passer pour une personne extravertie, expérimentée et sûre d’elle, comme j’avais essayé de le faire sur toutes les autres offres.
✨ Il n’y a pas de honte à être soi-même en société
Alors oui, il y a eu une ÉNORME part de chance à ce moment de ma vie.
Toutes les planètes se sont alignées pour me proposer une annonce parfaite au bon moment.
Mais ce que je retiens de tout cela, c’est la puissance de l'authenticité.
Chaque fois que j’ai osé me montrer telle que je suis (passionnée, hypersensible, introvertie…), j'ai ouvert la porte à des opportunités qui m'ont rendue profondément heureuse.
Lorsque j’ai passé mes entretiens chez Naval Group, j’avais des étoiles dans les yeux de me dire que mon grand-père et mon arrière-grand-père, que je n’ai jamais connus, avaient aussi travaillé sur la base navale et ces sous-marins. J’avais l’impression de créer un lien avec eux.
Lorsque j’ai passé mes entretiens oraux chez Microsoft, j’avais des étoiles dans les yeux en parlant de Minecraft et de son utilisation pour apprendre de nouvelles choses aux enfants dans les écoles scandinaves.
Lorsque j’ai passé mes entretiens chez Fizzer, j’avais des étoiles dans les yeux en parlant des courriers que j’écrivais à mes correspondants du monde entier et de l’émotion qu’une lettre me procurait
Et en prenant du recul, je me rends compte que c’est pareil dans ma vie perso :
En t’écrivant à cœur ouvert, je travaille sur ma santé mentale.
En dévoilant mes sentiments, les conflits se résolvent plus vite.
En montrant mes vulnérabilités, je rencontre des personnes qui les acceptent.
En communiquant toutes mes émotions sans attendre, mon couple n’a jamais été aussi “fluide”.
Lorsque j’ai commencé à prendre la parole ici, dans cette newsletter, j’avais vraiment PEUR de parler à cœur ouvert.
Peur d’être jugée.
Peur que l’on se moque de moi.
Peur que l’on m’accuse de partager du vide.
Peur d’être vue comme une personne faible.
Et je dois t’avouer que j’ai toujours eu peur de me montrer en société, car les introvertis sont souvent jugés comme chiants, les anxieux comme des gens bizarres, les hypersensibles comme des faibles…
Aujourd’hui, je me rends compte que c’est une force de savoir communiquer et de savoir mettre des mots sur ses émotions.
Du coup, cette newsletter se termine comme un texte bateau de développement personnel mais… osons être nous-mêmes en société.
Ça fait tellement de bien de parler à des humains, avec leurs échecs, leurs inquiétudes, leur sensibilité.
Ça fait TELLEMENT de bien de rencontrer des extravertis ET des introvertis assumés, de partager nos vraies émotions, de se comprendre, de se soutenir.
Je crois que c’est ce qui manquait à mon quotidien.
Avant, j’essayais de rentrer dans un moule d’extravertie dans lequel je me sentais mal à l’aise. Ça m’épuisait.
Maintenant que je dévoile mes émotions sur Substack, je n’ai plus peur de les dévoiler “en vrai” : à mes proches, à mes amis ou à de nouvelles rencontres.
La communication de mes émotions rend mes relations plus fluides et authentiques. Je suis acceptée pour ce que je suis, et ça fait du bien. (par contre, j’imagine que s’il y a un rejet, il doit être très dur à vivre après avoir ouvert sa coquille).
Merci à toi d’accepter mes émotions, merci à toi d’oser partager les tiennes.
C’est bizarre de conclure en disant ça, mais je suis fière de nous. Fière et admirative des personnes que je rencontre sur Substack. Vous êtes des personnes si bienveillantes et altruistes. Je suis admirative de ces femmes qui partagent leurs idées, admirative de ces hommes qui parlent de leurs émotions. C’est con dit comme ça, mais on a tellement l’habitude d’entendre “les hommes ne pleurent pas, ils ne montrent pas leurs émotions”, “les femmes n’imposent pas leurs idées” que je suis fière de lire tous ces textes remplis d’émotion et de courage sur Substack (newsletters, commentaires, emails…).
Vous êtes trop fortes et forts !!
(Bon allez, je m’arrête là sinon je vais finir la larme à l’œil !).
Si tu m’as lue jusqu’ici, tu peux commenter “Bravo à tous pour cette bienveillance collective 🧡” car c’est grâce à vos commentaires et messages privés qu’elle existe.
Bonne semaine,
Margaux.
PS : N’hésite pas à me rejoindre sur Instagram pour partager mon quotidien. Je parle d’un peu de tout, surtout en story. 😁
La vache, qu'est ce que tu écris bien ! Qu'est ce que c'est agréable de te lire ! Vraiment, on sent que tu es toi-même. Tu n'es pas trop "pro" mais tu n'écris pas n'importe comment non plus ;) j'adore ! Et je plussoie complètement le fait de rester authentique pour trouver les choses qui nous correspondent. Ça marche vraiment ! J'espère que tu es heureuse :)
Un article qui fait plaisir à lire !
On ne perd rien à être soi-même, j'en suis certain. Les plus grosses déceptions que j'ai connues, c'est quand le masque que j'ai volontairement mis, pour avoir une situation, que ce soit pro ou perso, tombe. Je préfère être bien dans mes baskets plutôt que d'être à une place où je ne devrais pas être, sur le long terme, je sais que je serai gagnant !
Si tous les messages de dev' perso pouvait passer de cette façon, il aurait meilleure presse !
Comme dirait un grand philosophe qui nous a quitté, il n'y a pas longtemps : dans le doute, fonce, oublie que tu n'as aucune chance, sur un mal entendu, ça peux marcher !