Cher toi,
Hier soir, j’ai enfin terminé un livre que j’ai commencé il y a… 4 mois.
J’ai passé des heures à le lire sur ma terrasse jusqu’à ce que le soleil se couche, et j’ai terminé les dernières pages assise sur le carrelage de ma salle de bain avant de prendre ma douche.
Pour tout t’avouer, je suis un peu restée sur ma faim en lisant la dernière page.
Mais clôturer ce livre m’a donné envie d’en lire d’autres (plein de livres de Lovecraft m’attendent !).
En le rangeant dans ma bibliothèque, j’ai réalisé que ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant concentrée.
Il y a 2 ans, quand je frôlais le burn-out, j’avais la capacité de concentration d’une huître. 🦪
Je commençais une tâche et 2 min plus tard, je scrollais sur tous les réseaux sociaux possibles, toujours dans le même ordre.
→ Instagram, LinkedIn, TikTok, Pinterest, Facebook, Emails.
J’étais ACCRO à mon téléphone.
Incapable de commencer ma journée sans scroller.
Incapable de travailler plusieurs heures de suite sans scroller.
Incapable de m’endormir sans scroller.
Mais je crois qu’aujourd’hui, j’en suis sevrée.
Isolée des beaux moments de vie 🫣
L’année dernière, j’ai réalisé à quel point le téléphone me faisait manquer de précieuses heures de vie. De précieux moments.
Je scrollais à table en fin de repas chez mes parents… j’ai honte de le dire, c’est tellement irrespectueux, j’ai envie de me tarter rien qu’en le disant. Je n’écoutais plus ce qu’on me disait, j’étais fatiguée et je cherchais de la dopamine rapidement.
Je passais mes soirées à regarder des vidéos YouTube plutôt que de passer du temps à discuter avec mon compagnon. La vie de couple était devenue fade.
Je passais mes aprems devant Netflix ou des heures dans mon lit à scroller le samedi matin… rien de plus terrible que le sentiment d’avoir gâché un jour de repos, de culpabiliser de n’avoir rien accompli d’utile.
Bref, je passais à côté de ma vie.
Plus de hobbies, plus d’interactions sociales.
Les tentatives infructueuses 💀
Au fil de l’eau, je me suis dit que cette addiction au téléphone était peut-être la base de tout ce déséquilibre dans ma vie.
Des soirées à bosser tard, car j’avais passé trop de temps à scroller l’après-midi.
Une vie sans envie, sans hobbies… car les réseaux sociaux me procuraient la dopamine dont j’avais besoin.
Des journées seule, sans nouvelles rencontres ni discussions stimulantes, car j’avais l’impression de les créer virtuellement en regardant des Youtubeurs agir comme des potes.
En comparaison, quand j’étais petite ou même au début de l’adolescence et qu’on n’avait pas encore accès aux téléphones et réseaux sociaux (sauf MSN), ma vie était beaucoup plus riche d’expériences.
Adulte, le constat était dur : mon quotidien était devenu totalement virtuel (à noter que je suis en 100% télétravail…)
Alors j’ai testé des “solutions miracles” pour me défaire du téléphone.
1️⃣ Mettre une limite de temps aux applications.
Dès que j’atteignais la limite de temps, une notification m’indiquait que je ne pouvais plus scroller. C’était hyper frustrant et… j’allais débloquer l’app moi-même dans les paramètres. Un échec cuisant. C’est comme la nourriture. Si j’achète du chocolat et que je le laisse dans le placard en me disant “il est là mais tu n’as pas le droit”, cela va créer de la frustration et je vais le dévorer. Je préfère avoir le plaisir d’en manger régulièrement, à petite dose.
2️⃣ Passer mon téléphone en noir et blanc.
Autant acheter un Nokia 3310, plus aucun intérêt à avoir un smartphone car même l’appareil photo pour enregistrer quelques souvenirs me livrait des photos fades... alors que c’est peut-être la seule fonctionnalité intéressante. C’était comme gâcher un bon plat volontairement et se forcer à le manger.
3️⃣ L’application qui fait pousser des arbres.
J’ai longtemps testé l’application Forest qui te permet de lancer la pousse d’un arbre et de le voir grandir tant que tu ne touches pas à ton téléphone. Je plantais un arbre avant de commencer une tâche en mettant un temps de concentration à atteindre, et pof, au bout de 30 min, mon arbre était grand. Sympa au début, mais j’ai vite perdu l’intérêt. Trop répétitif et contre-productif car j’avais parfois vraiment besoin de mon téléphone pour le boulot.
Les 2 seules actions qui ont fonctionné 🌟
Ne t’attends pas à des recettes magiques… c’est HYPER simple mais redoutablement efficace.
1️⃣ J’ai désactivé TOUTES les notifications sur mon téléphone.
👉 Constat :
En étudiant un peu plus la façon dont j’allais vers mon téléphone, j’ai remarqué que ce n’était pas vraiment volontaire en mode “tiens, et si j’allais scroller”. Je me faisais plutôt happer par inadvertance. Vraiment, je te jure, c’était limite inconscient. J’avais besoin de vérifier l’aperçu d’un email via mon téléphone (pour le boulot). Je le déverrouillais et pof, je me retrouvais sur Instagram. Pourquoi ? À cause d’une notification “Machin vous a envoyé un message privé”. J’ouvrais le message qui contenait une vidéo partagée. Je cliquais dessus et pof, magie : l’app me permettait de scroller à partir de cette vidéo. Voilà comment je perdais au moins 30 minutes sans m’en rendre compte. Et lorsque je sortais de ce puits de scroll, il me fallait environ 20 minutes pour retrouver un état de concentration correct.
👉 Action :
J’ai pris une décision radicale avant de partir en vacances : j’ai coupé les notifications de tous les réseaux sociaux, toutes les applications de shopping, de location de vacances, de conversation comme WhatsApp ou Messenger.
“Si c’est urgent, on m’appellera.”
👉 Résultat :
La détox a été progressive. J’ai continué à me rendre volontairement sur les apps. Au fil du temps, comme elles ne m’appelaient plus, je les oubliais. Cela fait +d’1 an que je n’ai plus de notifications et je me sens libérée. Je vois le téléphone comme un outil et plus comme une obsession.
2️⃣ Je l’ai posé loin de mes yeux.
Simple comme bonjour. Ça fonctionne presque avec tout : ne garde pas les objets/trucs toxiques pour toi si tu ne veux vraiment plus y avoir à faire (quand tu peux).
J’ai arrêté de m’enfiler des boîtes de Pim’s framboise le jour où j’ai arrêté d’en acheter. (mon père m’en propose quelques uns quand je vais prendre le goûter chez mes parents)
J’ai arrêté d’acheter des billets d’avion à gogo le jour où j’ai désinstallé Skyscanner (et ses notifs).
J’ai arrêté de scroller à table le jour où j’ai laissé mon téléphone dans mon sac pendant les repas de famille.
J’ai arrêté de scroller la journée lorsque j’ai laissé mon téléphone dans une autre pièce ou en dehors de mon champ de vision.
Alors aujourd’hui, je ne vis pas sans smartphone, je regarde toujours des vidéos Youtube, je scrolle toujours un peu sur Instagram… mais beaucoup moins et je sens la différence.
Je me sens plus présente avec les gens que j’aime, plus efficace au travail, plus apaisée dans ma vie. J’ai l’impression de mieux profiter des petits moments simples et d’en vivre plus.
Avec mon compagnon, on passe plus de temps à papoter en mangeant sur la terrasse, je passe du temps dans mon potager à regarder mes légumes pousser, je rends plus souvent visite à mes proches, je lis plus, j’avance plus dans les petits travaux d’entretien de la maison.
C’est TELLEMENT agréable d’avoir le sentiment de reprendre le contrôle et d’accomplir des choses utiles.
Et avec du recul, je sens que ça me vaccine aussi des écrans en général.
Je ne ressens plus l’envie d’aller jouer sur mon PC après le boulot ou tout simplement d’ouvrir le Macbook pour faire quoi que ce soit.
Ça fait du bien de vivre dans la vraie vie, de profiter/ prendre conscience des êtres vivants qui nous entourent : mes parents, mon compagnon, mes frères, mes chats, les oiseaux autour de ma terrasse, la vie qui reprend au printemps. 😊
Voilà, c’est une page de journal plutôt légère, mais qui aborde un sujet qui a eu un impact considérable sur mon équilibre de vie.
Je ne sais pas en quelle année tu es né.e, mais quelle est ta relation aux écrans ?
Tu es né.e avec ? Tu as grandi avec les réseaux ? Tu as plutôt grandi en jouant dehors ? Comment le vis-tu maintenant ?
Si c’est la première fois que tu me lis, j’espère qu’on fera un bout de chemin ensemble. Si tu veux retracer mon parcours, sache que tu peux trouver toutes les éditions précédentes ICI.
Si tu es là depuis un bout de temps : MERCI d’être toujours au rendez-vous. Si tu veux suivre mon train train quotidien (travaux, potager etc.) je poste des stories sur Instagram.
Je te souhaite une excellente semaine,
À très vite,
Margaux 🧡
Supprimer mon compte insta m'a permis de prendre beaucoup de distance avec mon tel. J'ai tendance à le laisser dans une autre pièce depuis que j'ai appris que le simple fait qu'il soit dans la même pièce (même dans un sac ou un tiroir) nous rend moins concentrés. Le grand pas à faire maintenant est de retrouver le travail en silence (je suis accro aux fictions radiophoniques)
Bonjour,
J'ai vraiment apprécié lire cette lettre.
Je suis née en 1993, internet, MSN et les blogs sont arrivés quand j'étais au collègue. J'ai vraiment senti un palier à mon entrée au lycée quand facebook est devenu THE place to be.
Avec les années, Instagram et compagnie, je suis moi aussi devenue accro. Au point où je me suis achetée un dumbphone il y a quelques années. Je détestais l'image de moi qui scroll la vie des autres plutôt que de vivre la mienne... Puis j'ai repris un smartphone "par praticité" et les addictions sont revenus. En ce moment, je réfléchis à reprendre un dumbphone. C'est radical mais j'ai souvenir d'avoir eu la sensation d'enlever un voile flou de mes yeux et de mon cerveau. Ne plus avoir de smartphone, c'est une libération mentale.