Dans la tête d’une introvertie.
#18 - Ces situations du quotidien qui dérapent dans la panique.
Cher toi,
Il faut que je t’avoue un truc :
J'ai toujours eu du mal à m'intégrer – que ce soit au travail, dans les groupes d'amis, ou lors des grands événements de famille.
J'ai l'impression d'être une spectatrice, observant les autres vivre comme dans une pièce de théâtre."
J’écoute les gens parler et je suis la conversation dans mon monde intérieur.
J’acquiesce, je rebondis sur les sujets dans ma tête, mais ma voix ne sort pas de ma bouche.
De mon point de vue, j’ai carrément l’impression d’interagir !
Mais, de l’extérieur, je suis un corps, avec des bras, des jambes et deux yeux qui fixent la foule.
🧍♀️
Le coup du placard.
J’ai encore vécu cette situation cette semaine :
Je me rends à l’assemblée générale de copropriété de mon appartement.
Je ne connais pas très bien les gens, car je ne vis pas dans l’immeuble.
Je pose mon sac et je sors mon stylo pour prendre des notes.
Personne ne veut se désigner président de l’assemblée.
Du coup, je me dévoue.
On valide le bilan comptable de l’année… et d’un coup, la réunion part dans un débat intellectuel de la plus haute importance.
Le groupe s’interrompt et une mamie m’interpelle :
“Et elle en pense quoi la petite ? Vous êtes propriétaire, vous avez votre mot à dire.”
Moi :
“Euuuuh oui, alors ça me va que le petit locataire utilise le placard inoccupé du dernier étage. En plus il vit dans 10m² le pauvre. C’est qu’un placard, faut partager.”
Le groupe :
“…. bon ok.”
La conversation reprend.
Ça fait 1h30, tout le monde en a marre.
On écoute l’engueulade de Mamie A sur Mamie B qui secoue ses chaussons trop fort par la fenêtre, qui ferme la porte de l’immeuble à clé pour que tout le monde reste enfermé dehors.
Plus j’écoute, plus je me dis “Purée ils ont tous pris la parole, moi je n’ai rien à dire. Ça fait pas pro !”.
Dans un élan de motivation complètement incontrôlé, je lance :
“D’ailleurs, en parlant des greniers, je n’ai jamais su où était le mien. Vous savez ?”
La meuf ça fait 5 ans qu’elle est propriétaire et ce n’est que maintenant qu’elle avoue n’avoir jamais trouvé son grenier… alors que les gens sont là depuis 1h30 et n’en peuvent plus.
La gestionnaire sort les archives, les plans pour me trouver mon grenier.
On perd 15 min.
Et là, je me suis dit : “Tu aurais dû te taire.”
Allez fais-toi plaisir, raconte-moi une situation gênante liée à ton introversion ! Ne me laisse pas seule dans mon embarras public. 😂
La surcharge émotionnelle.
Ce que je ne comprends pas, c’est que j’ai du mal à avoir des interactions sociales à grande échelle… mais aucun problème à faire un discours en public.
Je ne me sens pas à l’aise dans les grands groupes.
J’ai l’impression de ne rien contrôler et d’être gênante.
J’apprécie les premières minutes, puis je me sens surchargée d’émotions, fatiguée d’agir comme une extravertie, en décalage et pof, j’ai besoin de m’isoler.
Je me sens plus heureuse dans des petits groupes chaleureux ou seule dans ma bulle.
Bref, je reste spectatrice des évènements.
Et ça me va très bien.
Du moins, la plupart du temps.
Parfois, j’aimerais bien être une autre personne.
Celle qui arrive avec le smile.
“Eh salut toi ! Comment ça va depuis le temps ? *place une petite blague qui fait rire tout le monde*”
Celle qui danse dès la première note de musique (pourtant j’en ai envie, mais mon corps bloque !!).
Celle qui s’impose et prend le lead des sujets et qui se fait respecter.
Celle qui a de la répartie pour chambrer les relous en retour.
Je suis devenue une petite souris.
Pourtant, j’ai l’impression que j’étais extravertie quand j’étais petite.
J’avais des “Bavardages” dans mes cahiers d’école.
Maternelle, primaire, collège, j’ai toujours eu des groupes d’amis et j’adorais sortir jouer, faire des blagues.
J’organisais même des spectacles.
Je détestais jouer seule.
Puis à partir du lycée, je suis devenue “une petite souris”.
Mon groupe d’amis s’est divisé dans plusieurs lycées.
Et je n’ai jamais osé reprendre contact.
Je me suis sentie seule, démunie dans un monde presque adulte.
En seconde, ça allait bien.
Et, plus les années sont passées, plus j’ai commencé à vivre dans ma tête.
Je pense que j’ai perdu confiance en moi.
On m’a tellement dit de la fermer à l’école, que je l’ai fait naturellement.
“Ne parle pas si tu n’es pas sûre de toi, sinon ils vont se moquer.”
“Ne parle pas sinon tu vas passer pour une tête d’ampoule.”
“Ne parle pas, tout le monde s’en fou de ta vie.”
(Bah je parle quand alors ?)
Oser être soi-même en petit comité.
Quand je me sens à l’aise dans un petit groupe, j’ose parler.
J’aime bien avoir des discussions profondes.
J’aime bien que l’on se creuse les méninges ensemble.
J’aime bien explorer de nouvelles idées ou imaginer des scénarios avec les autres.
Parler d’histoire, de société, de l’univers, d’aventure…
J’aime aussi troller les gens que je connais bien. 🤡
À coup de memes, de “ok moray”, “ouais ouais ouais”, de sarcasme, d’humour noir, de cynisme et d’humour absurde.
Surement à cause des jeux vidéo et des refs d’internet.
Mais ça ne passe pas du tout en public. 😭
Je n’arrive pas à faire du “small talk” (parler de la météo, de tout et de rien)… je ne sais pas quoi dire.
Mon copain m’appelle parfois “Miss Granger”.
Bon c’est pour rire, mais à force, ça me pousse encore plus à me taire.
Du coup, je ne dis rien et je passe pour une personne hautaine alors que je suis juste perdue.
D’ailleurs, ça me fait penser à la vidéo de Colas Bim sur l’introversion et les situations du quotidien qui dérapent à cause de la communication compliquée. 😂
le moment où tu prépares ton texte à l’avance
le moment où tu parles trop fort d’un coup car t’as trop stressé
l’humour beaucoup trop décalé
le petit rire nerveux
(Je ris comme une baleine devant la vidéo)
Qui se reconnaît dans cette vidéo ? 😂✋
C’est dur d’évoluer dans un monde d’extravertis.
Il faut savoir se mettre en avant pour réussir.
Avoir la tchatche pour se créer un réseau.
C’est fatiguant.
En tant qu’introvertie, les journées en groupe sont épuisantes.
Je crois que c’est pour ça que j’ai choisi d’être en 100% télétravail.
Je n’ai jamais réussi à trouver ma place dans les grandes équipes.
C’était une angoisse de vivre mon 1ᵉʳ jour de travail en open-space.
“Je dois faire la bise aux collègues ?”
“Je m’assois où ?”
“Ils vont me poser des questions, il faut que j’anticipe les réponses.”
“Je dois appeler ce client ? Vite, il faut que je trouve une salle pour me préparer et être seule.”
“Oh putain non, un afterwork dans un bar…”
Chez Microsoft, j’ai raté mon intégration.
Je me sentais en complet décalage avec l’équipe.
Ils se parlaient d’un bureau à l’autre, blaguaient, se chambraient et faisaient des karaokés dans l’open-space le vendredi soir.
Dans ce genre de situation extrême, je me renferme encore plus dans ma coquille !
D’ailleurs, c’est ma N+2 à l’époque qui m’appelait “petite souris”. 😭
Pour moi, c'était clair :
l’open-space, c’est ciao.
les métiers d’extravertis, c’est ciao.
Chez Fizzer, le cul entre deux chaises.
Lorsque je suis arrivée chez Fizzer en 2019, j’étais en 100% télétravail.
La délivrance.
Je voyais mes collègues par la caméra et ça m’allait bien.
2 fois par an, on se rejoignait pour faire connaissance.
Et bim… même problème.
J’étais dans une équipe jeune (et moi, la plus jeune), qui aimait faire la fête.
Et moi, je n’arrivais pas à m’intégrer alors que j’en avais envie car j’aimais bien les gens de l’équipe.
Impossible de danser, chanter (sauf après 3 verres).
Pourtant, j’en avais envie mais IM-PO-SSIBLE.
Blocage complet.
Je me sentais nulle et je commençais à ruminer, toute seule dans ma chambre.
J’avais même peur de parler à certains collègues qui étaient trop extravertis pour moi.
Ça me demandait trop d’énergie d’essayer de me comporter comme une extravertie !
Chez Pimpant, j’ai trouvé l’épanouissement.
En 2021, j’ai rejoint Karline & Baptiste chez Pimpant.
Toujours en 100% télétravail.
Toujours des regroupements “en vrai” plusieurs fois dans l’année.
Et là, c’est la révélation.
Je me sens bien dans cette équipe.
J’arrive à parler en public les doigts dans le nez.
Je me sens “comme à la maison” dans le groupe.
Je me sens respectée et écoutée.
Bon, il faut encore trouver le bon déclencheur pour me faire chanter ou danser.
(La dernière fois, le déclencheur, c’était du System of a Down.)
Pour la première fois, je me sens bien.
J’aime interagir avec mon équipe.
J’aime parler en 1-1 avec chacun.
Et je sais qu’ils s’en foutent si je m’isole 30 min.
Pourquoi ?
Ce qui est différent, par rapport aux autres équipes, c’est :
La diversité : chez Pimpant, on vient de tous les horizons sociaux, la fourchette d’âge est large, il y a des introvertis et des extravertis… et tout le monde est respecté et mis en avant. Comme on est tous différents, on peut discuter de plein de sujets variés, c’est stimulant ! Dans les équipes précédentes, tous les profils se ressemblaient : souvent sortis d’école de commerce, jeune, milieu social assez aisé, mêmes références culturelles.
Les valeurs : si l’on a rejoint Pimpant, c’est parce qu’on se sent concerné par le changement climatique, la biodiversité, la justice sociale. C’est la première fois que je vois autant de cohésion dans une équipe. On marche vers le même objectif, par conviction, et on s’entraide tous sur le chemin.
La mise en lumière des expertises : C’est tout bête mais ici, chacun est maître de son sujet. Pas de micro-management. Si ton sujet avance, c’est grâce à toi, et c’est valorisant. Je pense que ça m’a aidée à m’imposer et à prendre confiance en moi. Je sais que je suis reconnue pour la valeur que j’apporte dans le projet, qu’on me demande des conseils, qu’on me contacte lorsqu’on parle de Content Marketing. Et ça fait la diff. Je sais que je suis utile au projet.
Parfois, j’ai peur.
Je me demande si cette ambiance durera.
Je pense que l’on a trouvé un bon équilibre dans l’équipe.
Mais si l’équipe grandit et que le nombre d’extravertis explose, vais-je de nouveau m’enfermer dans ma bulle ?
C’est possible.
Nous sommes introvertis, c’est un trait de caractère qui fait partie de nous.
Je pense qu’en grandissant, j’ai aussi découvert les forces de l’introversion :
L’écoute
L’analyse
La concentration
L’imagination
La sensibilité
Le calme et la prudence
Contrairement à ce que la société peut nous faire ressentir, ce n’est pas une tare.
C’est un trait de personnalité complémentaire à l’extraversion.
Ensemble, on s’équilibre.
Mais comme tout, il faut trouver un équilibre avec soi-même.
Entre l’isolement et le contact social.
En remote, j’ai eu tendance, ces dernières années, à complètement m’isoler.
Quitte à ne pas sortir de chez moi pendant 3 jours d’affilée.
Mes amis sont à Paris.
Je ne voyais personne à Cherbourg.
Mes seuls moments de sociabilisation, c’était :
mes parents
mon mec
mes copains sur Discord
mes collègues sur Slack
J’ai commencé à ressentir un manque.
Le manque de partage.
Le manque de découverte de l’autre.
Le manque de souvenirs communs.
Le manque de blagues.
Le manque de conversations profondes.
Des situations qui m’animent et me serrent le ventre de bonheur quand j’y repense.
C’est pour cela que j’ai créé Funambule.
Grâce à cette newsletter, j’ai sociabilisé :
Des cherbourgeoises m’ont contactée pour que l’on télétravaille ensemble.
Des introvertis se reconnaissent dans mes mots, alors on discute.
Des personnes fatiguées par le rythme intense de la vie échangent avec moi.
Des étudiants ou jeunes actifs qui se posent des questions demandent conseil.
J’organise plus d’évènements dans ma vie perso avec mes amis et ma famille (vacances, festivals, restaurants…)
Je suis introvertie, et c'est bien plus qu'une simple caractéristique. C'est une richesse qui m'a pris du temps à apprécier. Aujourd'hui, je trouve mon équilibre, embrassant à la fois l'isolement et le besoin de connexion sociale, et je suis fière du chemin parcouru. Merci, Funambule, et merci à vous tous qui enrichissez ma vie, en ligne et hors ligne.
C’est pour cela que j’ai commencé à écrire il y a 6 mois et que je prends plaisir à continuer aujourd’hui.
Si tu te reconnais dans mes écrits, n’hésite pas à soutenir mon travail en appuyant sur le coeur ou en laissant un commentaire. Et si tu ne sais jamais quoi commenter comme moi, tu peux juste dire : “Moi aussi je suis d’accord pour le placard”. 😂
Merci de m’avoir lue et à dimanche prochain,
Margaux
Je te conseille les travaux de Susan Caine sur les introvertis.es :
• un Ted https://www.ted.com/talks/susan_cain_the_power_of_introverts?language=en&delay=15s&subtitle=en
• et un livre qu'elle a écrit qui m'avait bcp aidé : https://www.google.fr/books/edition/Quiet/uyjf3uaQ4TwC?hl=en&gbpv=1&dq=quiet:+the+power+of+introverts+in+a+world+that+can%27t+stop+talking&printsec=frontcover
Ce n'est pas moins bien d'être introverti.e, c'est juste moins valorisé dans la société occidentale. Je le considère comme une force désormais.
Comme tjrs très sympa cette newsletter! Je ne connaissais pas Colas Bim mais sa vidéo est sympa. Je me reconnais un peu dedans et en même tps je vois mon évolution ! Avant appeler pour n'importe quoi ou aller chez le médecin, la boulangerie ou autre était très stressant maintenant plus du tout. Pareil comme bcp je préfère les soirées en petit comité bien choisi plutôt qu'en grosse fête et impossible pour moi de me lever et de danser en fonction des lieux et personnes présentes ça bloque totalement.. un jour j'y arriverai 😂 en tout cas oui en tant qu'introvertie on a plusieurs qualités et forces et c'est très bien comme ça. (Exemple j'ai super bien vécue le confinement seule comparé à mes proches extravertis)