đ Quand je serai grande, je seraiâŠ
#10 - Je croyais que vivre pour les autres allait me rendre heureuse.
đŒ 2018
Cher toi,
Comment se passe ta semaine ? 𧥠JâespĂšre que tout va bien depuis dimanche dernier ! On est encore plus nombreux ici⊠1 687 ! Câest comme si je parlais au ThĂ©Ăątre de Mogador rempli (jâaurais tellement peur en vrai !).
Je tâĂ©cris aujourdâhui pour te parler dâun grand dĂ©clic qui a eu lieu Ă la fin de mes Ă©tudes.
Câest le dĂ©clic qui fait quâaujourdâhui, je vis proche de la mer, de ma famille, et que je participe Ă un projet Ă impact avec Pimpant.
Ce dĂ©clic ? Il a bousculĂ© tous mes projets et remis en question toute la conception que jâavais de la vie professionnelle ârĂȘvĂ©eâ.
Si tu es en sortie dâĂ©tudes ou que tu ne te sens pas heureux dans ton travail, tu te reconnaĂźtras peut-ĂȘtre dans cette expĂ©rience.
Dans cette 10á” page de Funambule, je me confie sur ma relation Ă lâambition et au statut social et pourquoi cela me rendait malheureuse.
Si ce nâest pas dĂ©jĂ fait, nâhĂ©site pas Ă tâabonner pour recevoir mes newsletters tous les dimanches matin :
đ Quand je serai grande, je seraiâŠ
⹠Ostéopathe équin (8 ans)
âą Ăcrivaine (toute ma vie)
⹠Scénariste (collÚge)
âą Historienne (collĂšge)
⹠Archéologue (lycée)
⹠Scénariste chez Arena Net (Bac +1)
âą Non en fait chez Ubisoft. (Bac +3)
Non, en fait, encore mieux !
âą Je vais faire un Master en Sciences Politiques et Communication. Je vais leur prouver que je peux. (Bac+3)
âą Directrice Marketing chez Google, Microsoft, Apple, jâai dĂ©jĂ eu lâune de ces entreprises. (Bac+4)
⹠Et aprÚs, je déménage à San Francisco. (Bac+4)
âą Directrice de cabinet, je viens de passer un entretien Ă lâAssemblĂ©e. (Bac+5)
âą Jâai rĂ©ussi un autre entretien pour ĂȘtre Adjointe Directrice de Cabinet du PrĂ©fet maritime !!! (Bac+5)
âą Ambassadrice ! Regarde, jâai trouvĂ© une annonce Ă lâAmbassade Johannesburg pour avoir un premier pied dedans. (Bac+5)
Stop.
đŒ On rembobine.
Quand jâĂ©tais petite, et ce, jusquâĂ mes 18 ans, je voulais faire de mes passions mon mĂ©tier.
Je nâavais aucune barriĂšre psychologique.
Tous mes rĂȘves pouvaient devenir rĂ©alitĂ©.
Mon papa et mes oncles jouaient Ă Medal of Honor en LAN (partie hors-ligne en multi-joueurs).
Ils remplissaient une piĂšce de PC et jouaient toute la nuit.
Câest comme ça que jâai commencĂ© Ă jouer avec mon petit-frĂšre et mes cousins alors que je ne savais mĂȘme pas encore faire du vĂ©lo (mon petit-frĂšre encore moins đ).
Mon papa Ă©tait figurant dans des films historiques de lâĂ©cole du cinĂ©ma Ă Cherbourg.
Il me faisait rĂȘver en me montrant les tournages.
Alors jâai fait mon 1á”Êł stage de 3á” dans le journalisme TV en local.
Jâapprenais Ă Ă©crire, filmer, monter.
Petite, il mâa toujours emmenĂ©e avec lui visiter les chĂąteaux, les bunkers, les souterrains.
On regardait des reportages sur la prĂ©-histoire, les vikings, les lĂ©gendesâŠ
Jâai dĂ©couvert Alexandre Le Grand, la stratĂ©gie militaire, les discours historiquesâŠ
Alors, jâai tout fait pour avoir les meilleures notes en Histoire.
Je me projetais dĂ©jĂ Ă lâĂcole des Chartes.
Puis je mâamusais Ă mixer les trois : histoire, Ă©criture, monde du jeu vidĂ©o.
JâĂ©crivais des nouvelles et je vidais nos rames de feuilles A4.
Alors, on mâa offert un premier ordinateur pour Ă©crire.
Des scenarii, jâen avais plein la tĂȘte :
En plein milieu dâun champ normand, dans une grange en ruine, je trouvais un objet qui allait me mener vers le trĂ©sor des templiers. (wtf)
Dans un monde post apocalyptique au climat brulant, on vivait sous terre et se transfusait de lâair glacial pour rester en vie. (celui-ci câest un rĂȘve que jâai fait et que jâai ajoutĂ© Ă mes Notes).
Un monde envahi de crĂ©atures. Lorsquâelles nous tuent, nos Ăąmes se transfĂšrent dans dâautres corps. Ta quĂȘte : retrouver ton corps originel malgrĂ© le danger.
Bref, tout ça, je mâimaginais en faire mes mĂ©tiers.
Jusquâau jour oĂč quelquâun de trĂšs proche mâa dit :
đ°Â « De toute façon, toi la littĂ©raire, tu vas finir pauvre et au chĂŽmage. Câest vraiment la filiĂšre qui ne sert Ă rien. »
Ăa mâa blessĂ©e.
Ăa mâa mise en colĂšre.
On venait dâinsulter toutes mes passions.
Et ma capacité à faire de grandes choses.
Alors, jâai voulu prouver. đ
De la douce littĂ©raire, je me suis muĂ©e en femme ambitieuse et acharnĂ©e. Je nâavais quâun objectif en tĂȘte : lui prouver que mĂȘme avec un Bac L, jâallais faire tous les mĂ©tiers quâil nâarriverait jamais Ă atteindre. Parce que OUI MONSIEUR, jâai un cerveau, et je peux rĂ©ussir.
Alors jâai postulĂ© en Ă©cole de commerce plutĂŽt que dâaller en PrĂ©pa L, Ă contre-cĆur. đ
Pendant 3 ans, jâai redoublĂ© dâefforts pour montrer quâun L pouvait devenir major de promo, alors quâil y avait des matiĂšres avec des chiffres (eh ouais). Objectif atteint au tout dernier trimestre de la 3á” annĂ©e.
Ă la fin de ma 3á” annĂ©e, jâai dĂ©couvert la communication publique et la gĂ©opolitique grĂące Ă mon alternance dans le naval de dĂ©fense. Jâai voulu continuer en Master avec eux, mais mon N+2 qui bossait au siĂšge Ă Paris mâavait dit quâil voulait uniquement quelquâun qui avait un diplĂŽme en Sciences Politiques.
Entre guillemets, « pas toi avec ton Ă©cole de commerce inconnue au bataillon - tu nâas pas fait Sciences Po, tu ne vaux rien ».
Donc il mâa ignorĂ©e pendant des mois jusquâĂ ce que ce soit risquĂ© que jâattende plus longtemps pour trouver une autre alternance.
Alors jâai encore voulu prouver.
Mon coco, tu vas voir si je nâen suis pas capable !!
Jâai postulĂ©, jâai jouĂ© des pieds et des mains en entretien et paf : jâĂ©tais prise.
Master en Sciences Politiques et Communication Publique Ă Paris.
Et toc.
Je me suis rappelĂ©e mon exposĂ© sur âCe que je voulais faire plus tardâ en Ă©cole de commerce.
âTravailler chez Google ou Microsoft.â
Jâai postulĂ© chez Microsoft sans trop y croire et jâĂ©tais prise. Le pied !
Et lĂ , ça mâest montĂ© Ă la tĂȘte.
Jâai rĂ©alisĂ© quâen travaillant dur, je pouvais monter encore plus.
Jâai rĂ©alisĂ© quâen montant encore plus, on ne me manquait plus de respect.
En plus, mes parents, qui nâavaient pas beaucoup dâargent et pour qui ce genre de choses Ă©taient inaccessibles, Ă©taient fiers de moi.
Mon Master se terminait fin 2018.
Jâavais adorĂ© les matiĂšres enseignĂ©es : discours, communication pour les institutions publiques, bases du journalisme, lobbyingâŠ
Jâai commencĂ© Ă regarder les offres dâemploi pour monter encore plus.
Jâai postulĂ© pour devenir Collaboratrice de DĂ©putĂ©.
Le/la dĂ©putĂ©.e mâa prise pour un larbin en entretien, me proposait un salaire minuscule pour dĂ©dier ma vie Ă sa campagne, et crachait des commentaires haineux envers les gens de sa circonscription.
DĂ©ception totale.
Ensuite :
Jâai postulĂ© pour devenir Assistante de Cabinet pour le PrĂ©fet maritime de la Manche.
Jâai postulĂ© pour faire des Relations Presse pour la Marine Nationale.
JâĂ©tais prise pour les deux jobs.
Les noms claquaient.
On allait enfin me respecter en tant que femme de la campagne.
Mes parents Ă©taient fiers.
Mais jâai rappelĂ© les deux jobs et jâai dit : âDĂ©solĂ©e, finalement je retire ma candidature.â
Jâai eu ce fameux dĂ©clic.
đ JâĂ©tais admirĂ©e par mon entourage, mais terriblement triste.
Au fil des (courtes) annĂ©es qui passaient (ben oui parce quâentre tout ça, il ne sâest passĂ© que 5 ans), la liste des mĂ©tiers visĂ©s sâallongeait pour grimper toujours vers des sommets plus hauts et des rĂȘves plus grands.
Sauf que je voulais atteindre un objectif qui nâĂ©tait pas le mien.
Jâabandonnais tous mes rĂȘves parce quâon mâavait blessĂ©e au lycĂ©e.
Je courais aveuglément vers un avenir dans lequel je ne me sentirais jamais à ma place.
Jâai tout arrĂȘtĂ© et jâai fait le bilan.
Jâai sorti une feuille de papier et un stylo et jâai notĂ© ce qui comptait vraiment pour moi :
𧥠Ce que jâaimais faire dans la vie professionnelle
đ» Ce dont jâavais besoin au travail pour me sentir utile et Ă©panouie
đł Quelles Ă©taient mes valeurs en tant que personne ?
đ OĂč est-ce que je me sentais heureuse ?
đ„° AuprĂšs de qui ?
đĄ Comment je mâimaginais dans 10 ans ?
Et aucune de mes rĂ©ponses ne collait aux jobs auxquels jâavais postulĂ©.
Le bilan me peignait lâavenir suivant :
Jâavais besoin dâun mĂ©tier crĂ©atif pour imaginer des mondes et des histoires, et ainsi projeter les gens dans des univers qui les font rĂȘver.
Jâai besoin dâĂ©crire pour donner vie Ă ces histoires et faire passer des Ă©motions Ă travers les mots.
Jâai besoin de voir lâimpact immĂ©diat de mon travail, et donc de travailler dans une petite structure qui va vite â une startup.
Jâai besoin dâavoir un mĂ©tier qui a du sens pour moi : une entreprise empathique, qui veut amĂ©liorer la vie des gens.
Jâai besoin dâun management bienveillant oĂč lâon me considĂšre responsable et capable malgrĂ© mon jeune Ăąge.
Jâai besoin de revoir la mer, lâhorizon, les vagues.
Jâai besoin de vivre auprĂšs de ma famille parce quâon partage les mĂȘmes passions.
Jâai besoin de vivre avec mon compagnon parce quâil me fait rire et me rend heureuse.
Et dans 10 ans, je mâimagine dans une jolie maison en pierre entourĂ©e de fleurs des champs, avec un grand potager, en bord de mer, Ă Ă©crire des livres..
GrĂące Ă ce bilan, j'ai fait le choix de revenir en Normandie, auprĂšs de ma famille, pour trouver le bonheur dans un projet qui me ressemble vraiment, avec un mĂ©tier crĂ©atif, en 100% tĂ©lĂ©travail et loin des ambitions qui nâĂ©taient pas les miennes. đ
Et ce quotidien, jâai pu le rĂ©aliser grĂące Ă mon premier coup de fil avec Baptiste, co-fondateur de Pimpant. Mais ça, je vous le raconterai une prochaine fois !
Aujourdâhui, oui, je suis toujours ambitieuse. Mais je le suis pour moi, et pas pour combattre les prĂ©jugĂ©s que lâon a sur moi. Je travaille pour mon bonheur, je remets mes passions au centre de ma vie, et ça change tout.
đ RĂ©flexion : Maintenant que tu es grand, qui veux-tu ĂȘtre ?
Cette question, elle est pour toi. đ
Câest une question que lâon sâest tous posĂ©e pendant le confinement.
Je mâestime chanceuse dâavoir eu ce dĂ©clic en sortie dâĂ©tudes, mais je me rends compte que vous ĂȘtes nombreux Ă remettre en question la voie que vous avez empruntĂ©e. Est-ce ton cas ?
Si oui, câest plutĂŽt une bonne nouvelle ! Il nâest jamais trop tard pour changer de vie !
Jâen ai la preuve autour de moi :
Mon collĂšgue HervĂ© a quittĂ© une carriĂšre dans lâindustrie Ă ses 50 ans pour rejoindre Pimpant.
Ma collĂšgue Leslie, aprĂšs un Doctorat en Chimie et des annĂ©es de travail dans le domaine, vient de quitter Pimpant pour retourner sur les bancs de lâĂ©cole et apprendre Ă coder.
Ce qui est chouette, câest que lâon nâest pas obligĂ© de tout changer dâun coup.
Câest plus compliquĂ©/ risquĂ© avec le contexte Ă©conomique actuel, la vie de famille etc.
Alors on peut changer pas Ă pas :
Se demander si ton mĂ©tier actuel est celui que tu as choisi ou celui que lâon tâa imposĂ©
Faire un bilan de ce qui te rend heureux de ta vie perso et pro
RĂ©intĂ©grer toutes tes passions dâenfance dans ton agenda pour rĂ©apprendre Ă rĂȘver
Discuter avec des personnes que tu trouves intĂ©ressantes, qui tâaident Ă progresser
Donner de ton temps libre Ă des associations qui correspondent Ă tes valeurs
Apprendre Ă dire ânonâ Ă ce qui te rend malheureux
Envisager un dĂ©mĂ©nagement. Certaines familles arrivent Ă bouger, mĂȘme avec les enfants.
Démarrer un projet perso à cÎté de ton métier
âŠ
As-tu déjà fait ce bilan ? Ressens-tu le besoin de changement ?
Dis-moi tout !
Encore un grand merci dâavoir lu cette nouvelle page de mon journal.
Tous les dimanches, je continuerai Ă raconter les expĂ©riences qui mâont fait progresser et parler de tout ce que je teste dans mon quotidien pour trouver un meilleur Ă©quilibre de vie et me sentir Ă©panouie et en bonne santĂ©. đ„°
Si tu as aimĂ© cette Ă©dition, nâhĂ©site pas Ă appuyer sur le †en haut ou Ă partager ma newsletter pour la faire dĂ©couvrir Ă des personnes qui pourraient se reconnaĂźtre dans mes rĂ©cits.
Ă dimanche prochain,
Margaux
La newsletter qui remue et qui fait mal! Cette derniĂšre phrase :"As-tu dĂ©jĂ fait ce bilan ? Ressens-tu le besoin de changement ?" m'a secouĂ©. A 42 ans ma vie perso est parfaite mais ma vie pro n'a jamais Ă©tĂ© Ă©panouie. Trouver sa place, que c'est dur! Mes rĂȘves d'enfants c'est le foot, le catch, les jeux de cartes genre magic...Pas moyen de vivre de ces choses lĂ ... En poussant un peu c'est le coaching, j'adore pouvoir aider les gens qui veulent se prendre en main mais sans aucun diplome.. Je continue de chercher merci!
Hello Margaux,
Je viens de me rendre compte - dimanche soir à vrai dire - qu'à la lecture de toutes tes newsletters, une réalité s'est imposée à moi : comment faire de la place à mes loisirs ? Jusqu'à maintenant, j'ai souvent été frustrée de ne pas avoir assez de temps pour profiter des choses que j'aime faire. Alors j'ai décidé de leur faire de la place et j'ai organisé mon agenda en conséquence. En acceptant de prendre vraiment le temps pour chaque chose.
Merci pour ce que tu nous apportes par ton expĂ©rience et ton partage ! Ăa gĂ©nĂšre des rĂ©flexions, et surtout des dĂ©clics, et un passage Ă l'action :)